Certains sites se doivent de mettre en place une stratégie SEO à l'international pour passer outre la frontière d'un seul pays pour leur visibilité. La prise en compte de cet aspect, de cette évolution et de cette expansion, n'est pas chose simple en SEO et il est surtout très important de partir sur des bases solides, afin de ne pas avoir à tout remettre en question à un moment donné, parfois même lorsqu'un certain point de non-retour est atteint. Dans cette série d'articles, nous essayons de vous donner toutes les informations, tous les paramètres d'une équation internationale afin de gérer au mieux ce sujet. Après avoir traité les aspects d'approche générale et de stratégie par langue et/ou par pays puis le choix de l'adresse du site web et les balises Hreflang, nous avons continué le mois dernier avec l'hébergement de vos sites et les liens réciproques. Il est donc temps de conclure cette série d'articles en récapitulant chaque phase de la stratégie globale.

Par Olivier Andrieu


Comme d'habitude, faisons en introduction de cet article un flash back sur les précédents : dans la première partie, nous avons d'abord insisté sur les aspects stratégiques généraux d'une visibilité SEO à l'international. Puis nous avons envisagé les différentes façons de créer les adresses de vos sites web adaptées pour chaque pays-cible. Ensuite, nous avons abordé le sujet crucial des balises Hreflang. Et enfin, le mois dernier, nous traitions deux points tout aussi indispensables : l'hébergement des différents sites web et les liens (backlinks) à mettre en place entre chacun d'eux.

Voici donc ce mois-ci une check-list des différentes étapes à mettre en place avant de viser l'international pour votre activité digitale.

Étape 1 : La stratégie globale

On l'a vu, il est capital de penser "pays" plutôt que "langue". Il sera donc indispensable de créer un site web par pays-cible, en partant de quelques pays au début avant de progressivement monter en puissance si besoin est. Pas de problèmes si certains pays utilisent (partiellement ou non) la même langue (exemple : le français pour la France, la Belgique, la Suisse et le Canada), il y aura toujours des possibilités de s'en sortir par la suite (notamment au travers de la balise Hreflang).

Étape 2 : L'adresse des sites web

Plusieurs solutions sont possible, comme on l'a vu. L'idéal reste d'avoir une extension géographique (.fr, .de, .es...) par site web, en gardant le .com pour les Etats-Unis. Mais d'autres options existent : sous-domaine, répertoire, etc. Si votre approche est clairement définie par pays, il y aura toujours des solutions, quelle que soit l'option choisie. Notre préférence va clairement aux extensions géographiques (mais cela a un coût, bien sûr et les noms de domaine ne seront peut-être pas toujours disponibles...).

Étape 3 : L'hébergement

Pas de problème ici : si les deux premières étapes sont bien pensées, la question de l'hébergement se pose peu. Choisissez a priori un seul hébergeur (solution la plus simple), géographiquement basé dans votre pays-cible le plus important (pour être proche des vos visiteurs prioritaires).

Étape 4 : Pas de redirection automatique

Banissez tout sytème de redirection automatique des visiteurs en fonction de leur adresse IP, de la langue de leur navigateur, etc. Les internautes, et donc les robots des moteurs, doivent être capables d'aller d'un site à l'autre sans aucune entrave ni redirection. Les robots des moteurs ont en général une adresse IP américaine (même si la situation évolue à ce niveau, Google tentant de plus en plus d'utiliser des adresses IP plus "locales", voir cet article). Googlebot ne doit donc pas être redirigé d'un site à l'autre en fonction de son IP. Par expérience, ces systèmes de redirection "mettent le bazar" en termes de SEO. De plus, on peut penser que l'internaute n'est pas stupide. Dans un premier temps, si tout est bien fait au niveau de votre stratégie, il arrivera via les moteurs de recherche directement sur le site qui lui convient (pays/langue). Et si ce n'est pas le cas, il aura les liens, en haut ou en bas de page, pour s'y rendre. Alors, pourquoi complexifier la situation ?

Étape 5 : Les balises Hreflang dans le code des pages

Élément indispensable à une stratégie internationale bien pensée, les balises Hreflang doivent absolument être implémentées, et bien implémentées. La Search Console sera un outil bienvenu pour tester, au fur et à mesure de l'avancement du projet, l'absence d'erreurs à ce niveau (et notamment les habituelles erreurs "aucune balise de renvoi" entre différentes pages).


Fig. 1. Suivi des erreurs éventuelles dans les balises Hreflang au niveau de la Search Console.

Attention : si l'intégration de balises Hrefang peut sembler simple, elle peut parfois s'avérer complexe selon les cas. Prenez bien le temps d'y réfléchir et de tester chaque configuration.

D'ailleurs, puisqu'on en est aux balises HTML, sachez que Goole ne prend en compte aucune balise de type "lang" ou "language", autres que les Hreflang, bien sûr ! Et ceci pour la simple raison que, selon John Mueller, les indications dans ces balises sont très souvent erronées.
Sources :
https://www.seroundtable.com/google-ignores-the-html-lang-attribute-22974.html
http://www.thesempost.com/google-ignores-html-lang-tag-indexing-search-results/

Étape 6 : Faites des liens entre vos sites

Le netlinking est l'une des phases les plus longues, les plus chronophages du SEO. Vous avez plusieurs sites ? N'hésitez pas à les mailler ensemble, cela amorcera la "pompe à liens". Ce ne sera pas suffisant dans la plupart des cas, bien sûr, mais pourquoi se priver de liens simples à mettre en place ? Foncez !

Et n'oubliez pas de créer des liens "Google friendly" (balise HTML <A>  avec une URL valide dans l'attribut HREF). Faites simple, un bon vieux <UL>/<LI> avec un CSS "qui va bien" et tout fonctionnera parfaitement !

Étape 7 : Une langue par page (et par code)

Là aussi, on voit parfois des horreurs !  À une page web doit correspondre une langue unique pour ses différents champs : contenu textuel (titre, chapô, paragraphes, sous-titres, etc.), URL, balises Title et meta "description", etc.

On voit trop souvent des pages partiellement traduites, par exemple, de français en allemand, mais avec des URL qui sont restées dans la langue originelle. La situation peut être pire encore lorsque ce sont le Title et la meta "description" qui ne sont pas traduits, avec des résultats redoutables (sic) en termes de classement et de taux de clic dans les SERP !

Étape 8 : Intégrer les Hreflang dans les fichiers Sitemap XML

Une phase pas indispensable mais toujours possible : intégrer les indications de type Hreflang dans les fichiers SItemaps XML. Attention : elles devront être cohérentes par rapport aux balises insérées dans les pages web (étape 5). Si vous avez le choix entre les deux, optez pour les Hreflang dans le code et laissez tomber les Sitemaps. Si vous avez la possibilité de faire les deux et que vous êtes certains de ne pas faire d'erreurs de cohérence, n'hésitez pas à courir les deux lièvres à la fois !

Étape 9 : Indiquer le pays-cible dans la Search Console

Au moment où ces lignes étaient écrites (mars 2019), c'était toujours l'ancienne version de la Search Console qui proposait l'option de ciblage international où l'on indique le pays-cible. Qu'en sera-t-il par la suite ? Eh bien, on peut imaginer que cette fonction indispensable trouvera sa place dans la nouvelle Search Console, mais pour l'instant, il est impossible de dire où.


Fig.2. Option d'indication du pays-cible dans l'ancienne Search Console.

Attention : vérifiez bien que le bon pays est indiqué, surtout si le site a une extension géographique "détournée" comme les .tv, .co ou .io (entre autres) : le pays par défaut ne sera pas respectivement les îles Tuvalu, la Colombie ou les îles de l'Océan Indien. Alors que pour des extensions plus classiques, comme le .fr, le .be ou le .es, le pays sera forcé et vous ne pourrez pas le modifier (ce qui est a priori logique).

Étape 10 : Suivi au fil du temps

Tout est maintenant en place et, si tout a parfaitement été exécuté, tout devrait bien se passer.  Mais il faudra suivre certains points pour être sûr que l'avenir est radieux pour votre présence à l'international :

  • Veille SEO, notamment sur les différentes balises (Hreflang ou autres) prises en compte par Google. Dans le passé, ces possibilités ont évolué. Ne ratez pas un train au passage : nouvelles balises ou évolution de celles existantes. le site Abondance sera dans ce cas votre ami au quotiden ! 🙂
  • Analyse de la Search Console, et notamment les options pour les liens externes (backlinks), les balises Hreflang, les Sitemaps XML et éventuellement la Couverture de l'index, pour vérifier que tout se passe bien. Une visite mensuelle, par exemple, peut être une bonne chose.
  • Et puis, bien sûr, les classiques relevés de position, analyse du trafic sur Analytics (ou équivalent), etc.

Conclusion

Nous avons dans cet article indiqué 10 étapes différentes pour la mise en place d'une bonne visibilité à l'international. Ceci dit, toutes ces étapes n'ont peut-être pas le même niveau d'importance...

Voici donc un petit tabeau récapitulatif avec, pour chaque étape, le niveau de priorité pour leur mise en place, de 1 à 3 étoiles, selon notre expérience :


Fig.3. Importance relative des différentes étapes d'une stratégie internationale.

 

On le voit au travers des 5 articles qui ont composé cette "saga", avoir une vision à l'international, une visibilité web en dehors d'un seul pays n'est pas si simple et demande une excellente organisation. Mais si tout cela est bien fait et si les étapes sont franchies dans le bon ordre et avec rigueur, les résultats seront au rendez-vous ! C'est en tout cas tout le mal que nous vous souhaitons ! Bon voyage !