SEO : faut-il utiliser des PBN ?

Les PBN (Private Blog Networks) sont à la mode et certaines sociétés de référencement ne jurent même plus que par eux et les proposent à leurs clients, parfois sans leur expliquer de quoi il s'agit vraiment. Alors, est-ce que cette stratégie représente un danger à plus ou moins court terme et faut-il foncer tête baissée vers ces système de réseaux de sites pour obtenir une meilleure visibilité sur Google ? Voici mes réflexions sur le sujet car il est certainement bon de rappeler quelques points importants à mes yeux...

Depuis que le Web et les moteurs de recherche existent, de nombreux référenceurs ont tenté de manipuler les outils de recherche. Dans les prémices de la Toile (début des années 90), les algorithmes des moteurs étaient plutôt basés sur des critères "on page". Les méthodes "musclées" étaient donc axées autour de la répétition de termes de façon plus ou moins cachée dans le code HTML : keyword stuffing (bourrage de mots clés), texte en blanc sur fond blanc (le paléolithique !, mais on le voit encore chez certains nostalgiques 😉 ), texte dans des balises noscript, cloaking, etc. Le tout était parfois intégré dans des pages "fantômes", appelées "satellites" ou autres. Bref, une autre époque (épique !)...

Puis, les moteurs sont devenus plus sensibles aux liens entrants (backlinks), comme Google avec son PageRank. Le spam a donc suivi cette voie pour se déplacer vers la création de liens factices : annuaires SEO (que personne ne consultait jamais), communiqués de presse bidons placés sur des sites-poubelles, spamco (liens placés intentionnellement dans des commentaires de blogs ou dans des discussions sur des forums), etc.

 

L'avènement du PBN

Passons quelques années pour arriver à aujourd'hui, avec des méthodes plus sophistiquées qui arrivent. La mode actuellement est au PBN (pour Private Blog Network ou Réseau Privé de Blogs), soit un réseau de sites qui ont pour vocation de "pousser" - grâce à des liens savamment distillés - un site principal (ou money site) afin d'améliorer sa visibilité sur Google.

Le PBN est actuellement mis à toutes les sauces. Le terme de "mode" n'est pas usurpé et on le voit fleurir un peu partout, de façon plus ou moins "professionnelle". Ceux qui ont mis en place de vrais PBN vous le diront : quand c'est bien fait, ça marche ! Malheureusement, on voit un peu tout et n'importe quoi en ce moment à ce niveau. Finalement la situation est un peu comme pour le cocon sémantique : dès que quelqu'un a réalisé un silo de 3 pages sur un thème donné avec des liens mis un peu n'importe comment à droite et à gauche, il se dit expert du cocon sémantique ! Eh bien, pour le PBN, c'est pareil : rares sont les personnes qui savent créer avec succès ce type d'architecture. Et pourtant, on en trouve des experts mondiaux à chaque coin du Web !

Le problème avec les PBN se cristallise sur la question suivante : "Est-ce qu'il s'agit d'une stratégie de spam que Google va détecter et punir un jour ?" Pour ma part, la réponse semble évidente : Oui, bien sûr ! On retrouve exactement le même phénomène que pour les liens factices utilisés jusqu'en 2012 et l'arrivée de Penguin : tout le monde faisait n'importe quoi, notamment avec les ancres suroptimisées. Et le filtre de Google a joliment signé la fin de la récréation. Et si Google a lancé Penguin, c'était parce que l'utilisation massive de liens factices mettait à mal son algorithme de pertinence. Même phénomène à l'époque avec la "sculpture de PageRank" grâce aux attributs nofollow. Lorsque ce type de pratique a été trop et mal utilisé, Google a estimé que cela pénalisait ses algorithmes et a changé les règles du jeu.

Aujourd'hui, on sent de la même façon venir l'utilisation massive de PBN par bon nombre de webmasters, et surtout par des personnes ne maîtrisant pas le système. Et qu'on ne me fasse pas croire que les ingénieurs et les équipes antispam de Google n'ont pas la possibilité de créer un algorithme pour détecter ce type de maillage. Il ne s'agit que d'une question de volonté de la part de la firme de Mountain View. Quand Google aura détecté que les PBN ne sont plus des actions isolées de black hat s'amusant "dans leur cuisine" mais que le phénomène se répand trop et n'importe comment, il frappera fort et flinguera tout ça dans les grandes largeurs. Je vous laisse choisir le nom de la bêbête noire et blanche qui donnera son nom à ce nouveau filtre (lémurien ? Zèbre ? Dalmatien ?). Personnellement, je pense sincèrement que cela arrivera dans les prochains mois, et au plus tard avant la fin de 2018. Mais je peux me tromper, bien sûr...

 

Trois approches possibles

Sur cette base, libre à chacun de mettre en place des PBN avant que l'épée de Damoclès ne tombe. Tout dépend surtout de la façon dont on fait du référencement et dont on conçoit son métier :

  • Pour ses propres sites ;
  • Pour les sites de clients qui paient pour cela.

Et cette approche multiple change tout : si vous créez des PBN pour vos sites, il s'agit donc de votre problème. S'ils se font dézinguer par le futur filtre de Google, vous n'aurez à vous en prendre qu'à vous-même et vous l'assumerez, j'imagine. Après tout, qui ne tente rien n'a rien. Vous avez joué, vous avez perdu. Mais vous avez tenté. Et puis, allez savoir, vous avez peut-être eu le temps de connaître le succès et de gagner beaucoup d'argent avec cette technique. Bref, tout ça est éphémère et vous passerez dans quelques mois à une autre nouvelle mode. Il en est ainsi depuis que le Web et le SEO existent. A chacun de faire comme il l'entend avec ses propres sites. Personnellement, cela ne me pose aucun problème.

Deuxième cas : vous avez mis en place des PBN pour des clients en leur expliquant clairement que c'est une technique qui fonctionne (quand elle est bien implémentée) mais qu'elle est très risquée et peut être d'une pérennité très incertaine. Bref, vous lui avez exposé les dangers d'une telle stratégie. C'est donc le client qui accepte - ou pas - de prendre des risques à ce niveau. Mais il ne faut pas qu'il oublie que quand un site est pénalisé par Google, il ouvre un "casier spam" chez le moteur et que la deuxième lame (en cas de récidive) est le plus souvent bien plus cruelle que la première. En clair, il a grillé son joker... D'autant plus que Google sait parfaitement à quelle entreprise/entité appartient un site web et qu'il peut donc être tenté de regarder de plus près les autres sources d'information du même propriétaire à l'avenir... Le référenceur, lui, sera anonyme dans l'histoire - s'il fait bien les choses - et ne sera pas inquiété...

Troisième cas : le référenceur propose des PBN à un client sans l'avertir des risques qu'il prend. Dans ce cas, cela se rapproche de la malhonnêteté et du manque d'étique et on peut estimer que ce type de comportement est plus grave, voire inacceptable. Car si le site du client est pénalisé, c'est ce dernier qui en paiera le prix, et certainement pour de nombreuses années. Le sait-il seulement quand il signe pour ce type de pratiques ?

 

Chacun sa route, chacun son chemin...

Ce qui est certain (et je peux vous l'affirmer "de source sûre"), c'est que Google connait parfaitement les systèmes de PBN (il ne faut pas croire qu'ils sont naïfs à ce point) et qu'ils considèrent ces actions comme du spam, comme l'expliquent ses recommandations aux webmasters qui sont très claires à ce niveau : "Tout lien visant à manipuler le classement PageRank ou le classement d'un site dans les résultats de recherche Google peut être considéré comme faisant partie d'un système de liens, et constitue, de ce fait, une infraction aux Consignes aux webmasters de Google." Une phrase qui s'adapte parfaitement à la définition d'un PBN.

Sur cette base, ce sera bien sûr à chacun d'agir en son âme et conscience, avec la pérennité qu'il désire obtenir pour sa visibilité sur le Web. Chacun est maître de ses actions et il n'est pas question ici de donner une quelconque leçon à qui que ce soit. Il faut juste agir en toute connaissance de cause et éviter de renouveler les erreurs du passé. Mais l'avantage est justement qu'on peut s'appuyer sur ce qui s'est passé depuis 5 ans sur le Web (bref, depuis que Google bastonne à tour de bras les sites qui tentent de manipuler son algorithme). A chacun de voir ce qu'il compte faire. Le tout étant de connaître les risques éventuels, de les évaluer, et de prendre les bonnes décisions... On pourrait imaginer que les leçons de Panda et surtout de Penguin ont été comprises et digérées, mais est-ce vraiment le cas ? A vous de voir...

black hat
Chapeau blanc (white hat) ou chapeau noir (black hat). Telle est la question... Source de l'image : DR