Le petit monde du référencement en France est en émoi après l'annonce de la mise en liste noire du site de BMW en Allemagne par Google. Pourtant, on ne peut pas dire que cela surprendra beaucoup de monde, puisque ce type de "grandes manoeuvres antispam" était prévu de longue date par le moteur. Relisez les posts suivants sur ce blog pour vous en persuader : Les pages satellites bientôt sur orbite, Webdesign et Référencement, Google, SEO et ses bas, etc.

Google semble combattre le spam sur des sites allemands actuellement (BMW, Ricoh et d'autres). Selon mes informations, des actions seront très bientôt entreprises par Google contre bon nombre de sites disponibles en langue française dans le courant du premier semestre 2006. De nombreux sites devraient donc être bannis de l'index du moteur ou "simplement" déclassés sur certaines requêtes très concurrentielles (les observateurs aguerris auront d'ailleurs remarqué que ce "ménage" a déjà commencé sur certains mots clés...).

Tout cela me fait à nouveau penser à la façon, que je juge catastrophique, dont les propriétaires, les éditeurs et les créateurs de sites web prennent (ou plutôt ne prennent pas) en compte les contraintes dûes aux moteurs de recherche lors de la mise en place de leurs pages....

Imaginez... Imaginez un éditeur de livres sortant des ouvrages dont le format (hauteur, largeur) fait en sorte qu'il ne rentre pas dans les étagères des librairies et des grandes surfaces comme la Fnac ou Virgin. Un autre éditeur, plus petit, aura, lui, eu l'idée de venir dans ces magasins, de mesurer la taille des étagères et d'adapter ses couvertures (format, mais aussi couleur, typos, etc. en fonction des différents rayons et des autres livres présentés) à celles-ci. Résultat : il est mieux trouvé et vend plus que son gros concurrent dont les livres s'entassent dans un coin pour incompatibilité de format... Voici, en quelques mots à peine caricaturés, la situation du référencement de sites web en France : des sites créés à coup de dizaines de milliers d'euros, voire plus, ne tiennent absolument pas compte des contraintes des moteurs de recherche (titres mal écrits - lorsqu'ils existent -, peu de texte, mauvaise utilisation du JavaScript, Flash à gogo, etc.) et les éditeurs râlent ensuite parce que, dans les pages de résultats des moteurs, ce sont des sites de PME qui leur passent devant... Mais qu'y a-t-il de plus normal à cela ? Ces sites ont juste fait ce qu'il fallait pour être bien optimisés, et donc plus visibles...

Résultat : le site de l'éditeur mécontent n'ayant certainement pas coûté assez cher, on rajoute une couche de budget pour le référencement et, comme personne ne veut plus toucher aux pages déjà en ligne, on créé des pages satellites qui, la pression du client aidant, frôle de plus en plus la limite de ce qui est autorisé par les moteurs de recherche jusqu'à tomber dans les oubliettes... Je sais, je caricature, mais on m'a déjà raconté tellement de choses à ce sujet que je ne suis pas sûr de pousser le bouchon si loin que cela...

Qui est fautif dans cette histoire ? Le référenceur qui est allé trop loin dans la création de ses pages satellites ? La web-agency qui n'a pas voulu (ou pu ou su) intégrer les contraintes des moteurs de recherche au site créé pour son client ? Le propriétaire du site qui n'a pas voulu (ou compris la nécessité de) toucher à son site pour l'optimiser ? Les fautes sont certainement partagées et il n'est pas dans ma volonté de jeter l'opprobe sur un corps de métier en particulier... Il serait trop facile de tirer à bout portant sur les sociétés de référencement aujourd'hui alors que, la plupart du temps, elles ne font que s'adapter à un marché, à une demande... Après tout, les entreprises spécialisées qui ont fait des pages satellites leur fond de commerce sont plutôt rares (même si ce ne sont pas toujours les plus petites). Ne nous y trompons pas : la majorité des sociétés de référencement en France n'utilise pas les pages satellites comme système de référencement / positionnement et basent plutôt leur stratégie sur le conseil et l'optimisation des pages existantes du site. Là est la véritable voie de réflexion pour l'avenir... En revanche, les entreprises orientées "pages satellites" devraient clairement et très rapidement réfléchir à leur avenir et à leurs méthodologies avant qu'il ne soit trop tard...

Disons-le clairement : la page satellite (ou "fantôme", ou "alias", ou "doorway" ou tout autre nom similaire) est une technologie qui peut aujourd'hui être considérée comme obsolète, voire dangereuse. Elle DOIT être abandonnée ! Mais pour cela, il faut absolument que tous les acteurs de la chaîne de la création de site web soient clairement persuadés que chacun doit et peut avancer dans le même sens :
- Le propriétaire d'un site web doit être conscient que, pour obtenir une bonne visibilité sur les moteurs de recherche, certaines concessions, notamment techniques, doivent être faites.
- Le créateur du site web (web agency) doit être formé aux techniques d'optimisation de site et conseiller, en partenariat avec le référenceur, le client sur ce qui est possible et ce qui ne l'est pas.
- Le référenceur doit garantir la non utilisation de pages satellites ou d'autres procédés aujourd'hui clairement refusés et interdits par les moteurs de recherche. Il est possible d'obtenir une excellente visibilité sur un moteur de recherche en mettant en place une optimisation "propre", loyale, honnête et pérenne, et sans artifice ni "rustine" à durée de vie limitée... Le tout est surtout de partir d'une base la plus "saine" possible, c'est-à-dire d'un site web préparé dès le départ pour le référencement...

Alors, si tout le monde y met du sien (et pourquoi, dans ce sens, les moteurs de recherche ne se joindraient-ils pas au cortège ?), peut-être évitera-t-on le type de problème qu'on voit apparaître aujourd'hui avec le blacklistage d'un site comme celui de BMW Allemagne... Mais cela passera nécessairement par une "révolution culturelle" et la remise en question d'une certaine approche du référencement. Les sociétés françaises qui se sont perdues dans la voie de la page satellite sont-elles prêtes à cette révolution qui n'est peut-être d'ailleurs qu'une évolution ? L'avenir le dira...