Autre nouveauté révélée lors de Google I/O : la prise en compte de l'échelle MST des teintes de couleur de peau dans Google Images, ainsi que la prochaine venue de balises de données structurées permettant de mieux taguer les images à ce niveau. Mais cela ne risque-t-il pas de créer un phénomène d'apartheid numérique ?...

Continuons notre compte-rendu des nouvelles fonctionnalités annoncées lors de l'événement Google I/O la semaine dernière en matière de search : aujourd'hui, attardons-nous sur la prise en compte des critères MST dans les images, en collaboration avec le docteur Ellis Monk, , professeur et sociologue à Harvard. Il s'agit ici de prendre en considération une nouvelle échelle de teintes de peau conçue pour mieux tenir compte de l'éventail des couleurs que nous voyons dans notre société. Le Dr Monk étudie notamment depuis plus de dix ans la façon dont la couleur de la peau et le colorisme affectent la vie des gens. Ces recherches ont donné l'échelle MST pour Monk Skin Tone, une échelle de 10 nuances qui sera intégrée à divers produits Google au cours des prochains mois.

L'échelle MST de teintes de peau. Source : Google

Le Dr Monk explique : « Dans nos recherches, nous avons constaté que les gens ont souvent l'impression d'être classés dans des catégories raciales, alors que les catégories ethniques et raciales sont très hétérogènes. Et de nombreuses méthodes de catégorisation, y compris les anciennes échelles de couleur de peau, ne tiennent pas compte de cette diversité. C'est là qu'un manque de représentation peut se produire… nous devons affiner la façon dont nous mesurons les choses, afin que les gens se sentent représentés. » En espérant bien sûr que cette échelle soit prise en considération de la meilleure des façons possible et pas pour faire de la discrimination…

Toujours est-il que Google commence à l'intégrer dans ses produits et notamment dans Google images, comme expliqué sur son blog : « Par exemple, lorsque vous recherchez des requêtes liées au maquillage dans Google Images, une option vous permet d'affiner vos résultats en fonction de la couleur de la peau. Ainsi, si vous recherchez des "ombres à paupières pour tous les jours" ou des "looks de maquillage de mariée", vous trouverez plus facilement des résultats qui répondent mieux à vos besoins. »

Exemple d'utilisation de l'échelle MST dans Google Images. Source : Google

Cette échelle va également devenir un critère de pertinence de l'algorithme de recherche d'images : « À l'avenir, nous intégrerons l'échelle MST pour mieux détecter et classer les images afin d'inclure un plus large éventail de résultats, pour que chacun puisse trouver ce qu'il cherche. »

Et de nouveaux outils vont voir le jour pour mieux taguer les images : « Dans les mois à venir, nous allons également mettre au point une méthode normalisée d'étiquetage du contenu Web. Les créateurs, les marques et les éditeurs pourront utiliser ce nouveau schéma inclusif pour étiqueter leur contenu avec des attributs tels que la couleur de la peau, la couleur et la texture des cheveux. Les créateurs de contenu ou les entreprises en ligne pourront ainsi étiqueter leurs images d'une manière que les moteurs de recherche et les autres plateformes pourront facilement comprendre. »

On peut se dire qu'il s'agit d'une avancée intéressante dans l'analyse des images, mais on ne peut qu'être effrayé également par les dérives que ce type de filtre de couleur de peau peut générer en termes d'apartheid numérique. L'avenir dira si on avait raison de s'émerveiller ou de s'émouvoir…