Dans cette interview sans filtre, trois éditeurs de sites expérimentés — Valérie Verpoest, Clément Pessaux et David NinjaLinker — partagent leur expérience et leurs stratégies pour tirer parti de Google Discover. Du fonctionnement obscur de l’algorithme à la monétisation en passant par les coups durs liés aux chutes de trafic, ils lèvent le voile sur les réalités d’un écosystème aussi prometteur que brutal.

Ce qu'il faut retenir :

  • L'algorithme Discover se base sur l'activité en ligne de l'utilisateur et peut même capter des signaux provenant de conversations proches du téléphone.
  • Le titre et l’image sont les deux éléments les plus déterminants pour générer du trafic sur Discover, bien plus que le contenu lui-même.
  • Google utilise l’algorithme Navboost pour tester en temps réel la performance des articles selon les interactions des utilisateurs.
  • Le display est la méthode de monétisation la plus rentable sur Discover, l’affiliation étant moins efficace en raison du manque d’intention d’achat.
  • Le trafic Discover peut chuter brutalement, mais un site peut parfois revenir dans le jeu après 16-18 mois grâce aux mises à jour de Google.

Quels sont les critères utilisés par l'algorithme de Google Discover pour personnaliser le contenu proposé aux utilisateurs ?

Valérie Verpoest : En fait, Google va suivre toute l'activité que tu vas avoir en ligne, tous tes centres d'intérêt, pour pouvoir te proposer du contenu en lien avec ces centres d'intérêt. C'est un peu un algorithme à la TikTok. Plus tu vas naviguer sur des outils Google, que ce soit sur ton téléphone avec Chrome ou avec tes recherches Google et YouTube, mieux il va te comprendre.

Mathilde : C'est possible d'aller dans tes centres d'intérêt et de dire j'ai envie de voir ça, ça, ça et de ne pas voir ça ?

Clément Pessaux : Non, par contre tu peux lui dire que tu ne veux pas voir un sujet précis. Mais tu ne peux pas lui dire "je veux voir du foot". C'est lui qui va le déterminer. Quand tu vas commencer à naviguer sur des sites de foot, il va comprendre que ton centre d'intérêt, il a glissé vers le foot. Il va commencer à t'envoyer du contenu sur le foot. Tu arrêtes de le regarder, ça disparaît.

Valérie : C'est quasi instantané, tu vas regarder trois sites et c'est bon, cinq minutes après, tu as du football.

David NinjaLinker : On n'a pas eu une fois, Valérie, une conversation sur un domaine d'activité comme les cryptos ou sur lequel tu n'avais jamais fait de recherche ? On avait simplement discuté à l'oral. Derrière, tu n'as pas eu dans ton fil Discover de la crypto ?

Valérie : Si.

David : Le fait de discuter à côté de ton téléphone allumé, pas en mode avion, peut impacter aussi ton Discover. Donc c'est dire à quel point on est épié de toutes parts. Et il y a un dernier point que je voudrais rajouter, c'est que si tu veux personnaliser un peu plus ton fil Discover, il y a quand même un moyen de le faire. Quand je veux trouver des sujets liés à Discover dans une thématique précise, parce que j'ai envie de faire des articles sur ce sujet, je clique sur les trois petits points, et je vais mettre "ajouter au fil de lecture". Et à force de faire ça, tu vas vraiment faire comprendre à Google que vu que tu ajoutes des articles dans ton fil de lecture, donc à lire plus tard, c'est que tu as un intérêt certain. Dès que je fais ça, je me retrouve avec beaucoup plus d'articles dans une thématique que j'ai ajoutée au fil d'actualité. Ce qui me permet quand même de pouvoir aiguiller un peu mon fil Discover par rapport à des thématiques que j'ai envie d'appréhender.

Mathilde : Et si par exemple je consulte beaucoup YouTube, est-ce qu'il y a des vidéos qui vont se mettre dans mon fil Discover ?

Clément : Non, pas plus. Sur la thématique des vidéos, oui, mais il n'y aura pas nécessairement plus de vidéos. Il y en a toujours deux ou trois, rarement plus. Ca me donne l'impression que la vidéo, c'est des tests.

David : Par contre, les vidéos, elles sont quand même en rapport avec tes centres d'intérêt. Par exemple, à l'époque, je faisais pas mal de Lidl. Je voyais pas mal de vidéos YouTube sur des produits Lidl. Après, la vidéo, j'en ai vraiment une infime partie. Ça va être une ou deux sur un rafraîchissement de flux. 

Comment Google mesure-t-il l'engagement des utilisateurs avec les contenus sur Discover ? 

David : Déjà, il y a peut-être le CTR dans la Search Console. Pour chaque page visitée, tu vas avoir le CTR, c'est-à-dire le nombre de clics par rapport à l'impression dans le flux, on va dire. Donc si par exemple tu as un CTR très faible, est-ce que c'est positif ou négatif ? Je pense que c'est plutôt négatif.

Après, j'ai l'impression que si on peut quand même avoir une interaction sur l'article, ça peut être par exemple une vidéo dans l'article et que la personne reste à regarder la vidéo, ou une sorte de quiz et que les gens cliquent, je pense que ça peut faire en sorte que Google apprécie ou non.

Le truc c'est le temps que tu vas rester dans le flux. Parce qu'on a des articles avec Valérie, qui vont poper une heure, fort, et terminé. Ils disparaissent. Google fait du testing : il va te prendre un article, il va le tester, et puis si ça prend pas, au bout d'une heure, il le dégage. Et au contraire, t'as des articles qui peuvent rester pendant 3-4 jours, voire même une semaine. 

Mais sinon, en termes de retours de site, tu peux avoir aussi des mails. Les gens peuvent t'envoyer un mail par rapport à ton article. Est-ce qu'ils ont aimé ou pas aimé ? 

Valérie : Une fois, on a publié une recette de beignets aux pommes. Le gars nous dit, j'adore votre recette, mais vous ne parlez pas de pommes. C'est quand même embêtant pour une recette de beignets aux pommes. Merci l'IA, qui n'a pas fait son job comme voulu. 

On pourrait dire que ça dépend du taux de clic. Mais tu peux avoir des articles qui durent seulement quelques heures et qui ont un très bon CTR. Contrairement aux réseaux sociaux ou sur TikTok, où dès que tu commences à avoir une personne qui enregistre, tu vas vraiment gagner des points au fur et à mesure. Alors que sur Discover, un bon CTR, c'est bien, si ton CTR est vraiment pourri, ça ne va pas aider. Mais en même temps, ce n'est pas non plus, je pense, la clé.

David : Ce n'est pas gage de rester dans le temps.

Clément : Moi, tout ça, je le regroupe dans l'algo Navboost. Pour moi, Navboost, c'est l'algorithme principal de Discover que Google utilise aujourd'hui dans le search. C'est-à-dire : interactions, CTR, watch time, partage, commentaire, email, passer d'un article à un autre, comportement sur la page. Est-ce que je vais jusqu'en bas ? Est-ce que je lis en entier ?

En fait, tous les éléments comportementaux qu'un utilisateur va avoir sur une page, qui est capté via Google Chrome. Là, ça rentre dans l'algo NavBoost qui fait sa sauce. Et à partir de là, c'est un algorithme qui est en temps réel, c'est-à-dire que ce qui est vrai à un temps T peut ne plus l'être une heure après, justement, parce que c'est toujours échantillonné.

Donc, Google peut envoyer ton article à un échantillon qui réagit bien à ton article. Donc, l'effet NavBoost, il est énorme. Tu popes sur Discover, il élargit ou il change l'échantillon et à partir de là le ciblage n'est plus aussi bon et donc le comportement de l'utilisateur se modifie et se dégrade, et à partir de là tu disparais.

Quels sont les outils IA que vous utilisez au quotidien dans le cadre de votre stratégie Discover ?

David : J'ai aucun problème à dire ce qu'on utilise sur certains sites, et ça fonctionne très bien : PowerAI de Pascal Périn, on a une partie des articles qui sont 100% rédigés et publiés via cet outil. On a aussi parfois d'autres petits process, mais en gros, aujourd'hui, si on veut être transparent, les 80% du CA qu'on génère sont générés via PowerAI.

Par contre, c'est pas PowerAI qui choisit nos titres, c'est nous qui choisissons nos titres. Mais celui qui va générer l'article et le publier, c'est PowerAI. Donc il y a quand même une petite patte humaine parce que qu'on se le dise, ce qui fait la différence sur Google Discover, c'est le titre et l'image.

Le contenu en soi, je persiste à dire que c'est vraiment secondaire. Les gens qui cherchent à faire des contenus optimisés, je pense que c'est une bêtise. Pour moi, c'est le titre et l'image qui va faire la différence. Et il y a des patterns, il vaut mieux faire des études sur les patterns de titres que de vouloir optimiser à 2000% ton article en termes de contenu.

Mathilde : Et du coup vous le faites manuellement les titres à chaque fois ?

David : Non, l'IA est ton meilleur ami. Ce qui est extraordinaire avec l'IA, c'est que c'est un data scientist, donc si tu lui mets en input de la data pertinente, donc ça peut être des titres ou des exemples de titres et que tu as beaucoup de data, tu peux lui faire analyser tout ça et lui faire régurgiter et lui demander de te donner les prompts idéaux pour avoir les titres qui vont bien. On a notre propre agent GPT pour ça.

Clément : Moi dans mon cas, je me suis fait mon propre SaaS de type PowerAI, c'est assez similaire. J'utilise à l'intérieur ChatGPT, Gemini, Perplexity et Claude, donc tout est mélangé. Les titres sont générés via IA, mais toujours relu à la main et pareil pour les images.

A part pour certaines thématiques, l'IA par exemple, je préfère passer par des banques d'images payantes. Mais ça c'est les goûts et les couleurs, chacun fait comme il veut. A la fin on a tous des outils qui nous permettent de maximiser le temps de rédaction pour se concentrer sur le bon titre, la bonne image. Et après, le contenu. Pour moi, le contenu, là où il a un intérêt, c'est qu'il doit générer de la satisfaction à la lecture. Je veux qu'il corresponde au titre.

La problématique qu'on va avoir sur Discover, c'est de durer dans le temps. Si tu fais venir une personne sur ton site et que l'article est nul, il va revenir une fois, deux fois, trois fois, mais à la quatrième, il va arrêter de cliquer. Sur son fil Discover, quand il va le voir apparaître, il va dire "ce site-là, je ne veux plus le voir en peinture". Et ça, ça envoie un très mauvais signal à Google. Donc le contenu, il est secondaire d'un point de vue technique, mais d'un point de vue fond, là, il est important. Mais c'est ce qu'il y a de plus facile finalement aujourd'hui, faire du contenu un peu sympa à lire avec l'IA. Et quand tu as des sites qui sont sur des thématiques précises, type horoscope, météo ou de l'actu particulière, le timing de publication est super important.

David : Voilà, le timing ! Typiquement, tu arrives à la chandeleur, tu commences à faire des recettes pâte à crêpes quelques jours avant, t'as le bon timing, t'es dans les premiers, là tu vas performer. Donc ça peut être pour ça, mais ça peut être aussi pour les saisonnalités, pour tout ce qui est Black Friday, Noël...

Donc le timing, comme le dit Clément, ça a aussi un grand intérêt parce que c'est là où tu vas popper plus ou moins fort. Si tu es dans les premiers, sur le bon sujet au bon moment, les gens vont se dire "ah tiens c'est la période", donc tu vas être fortement cliqué mais si t'arrives au milieu de la masse, tu es noyé et tu seras peut-être moins cliqué dans le flux.

Quelles sont les meilleures pratiques pour monétiser ses contenus sur Google Discover ? 

Valérie : Le display. C'est un classique. Selon les thématiques de certains sites, tu peux aller faire de l'affiliation. Même l'affiliation, il ne faut pas se leurrer. L'affiliation, ça reste sporadique. Pourquoi ? Parce qu'on n'est pas sur une intention d'achat. Or, l'affiliation, l'objectif, c'est de faire vendre. Parfois, on me pose la question : "Moi, j'ai un taux de transfo sur de la SERP normale de x. Imagine, je fais 100 000 de visites Discover", mais ton taux de transfo est divisé par 10 ou par 100. Parce qu'en fait, tu n'as pas du tout la même intention. À l'origine, quand les gens arrivent sur ta page, ils arrivent par curiosité. Ils ne sont pas dans une intention d'achat. Parfois, tu peux avoir de la chance. C'est sûr que quand tu fais du discover fort à la période de Noël...

Clément : Les cartons qu'on fait tous les ans sur les pulls moches, c'est magnifique.

David : Dans la masse, tu vas peut-être t'y retrouver. Mais du discover pour faire de l'affiliation, je pense que ce n'est pas rentable. C'est le display qui est le plus rentable à ce niveau-là. Il faut trouver un bon équilibre dans l'affichage des pubs, pas trop intempestif non plus, il y en a qui ne supportent plus ça. Mais en même temps, c'est ce qui est rentable. 

Quand on a des sites qui poppent, on essaie quand même d'afficher un maximum de pubs pour pouvoir rentabiliser tout ça. Parce qu'il ne faut pas se leurrer, c'est de plus en plus compliqué, il y a de plus en plus de concurrence donc quand on poppe, on essaie de faire fructifier tout le trafic généré pour générer un maximum de revenus parce que justement on a cette chance.  C'est pas parce que t'es discover pour une semaine que tu le resteras pendant des années, voire des mois.

Mathilde : Et la vente de liens, c'est utile en termes de monétisation ?

Clément : Quand un article a bien poppé sur Discover, donc qu'il a fait du trafic, je sais que derrière, il va bien se positionner. Mais pour qu'il se positionne bien, je lui donne une requête à cibler. À partir du moment où je donne une requête à cibler qui est similaire à l'article de départ, il a un boost de visibilité. Et à partir de là, tu pourras vendre du lien positionné assez cher parce que tu vas être dans le top 30 sur de belles requêtes. Mais en général, je ne fais pas trop de vente de liens.

David : On va vers ça avec Valérie. Parce qu'on a racheté une plateforme de vente de liens, Ginkoo.link, et on aimerait créer des articles orientés avec notre savoir-faire Discover pour que les gens achètent des liens qui soient potentiellement cliqués. On se dit que si tu fais popper un article dans Discover, où tu as acheté un lien, qui est déjà sur des pages qui vont s'indexer rapidement, c'est un signal positif pour Google. Quand t'as un article qui fait plusieurs milliers de vues par jour, même sur trois jours, et que le lien est cliqué une bonne dizaine de fois, c'est quand même un signal SEO pertinent pour ceux qui achètent le lien. 

Clément : Quand les pages vont bien performer, je sais que derrière, ça va être une page qui va bien se positionner que je vais vendre. C'est du 300-400€ à chaque fois.

Quels sont vos conseils en cas de chute de trafic sur Discover voire de sortie du système ? Peut-on s’en relever ou faut-il tout recommencer ?

Valérie : Déjà tu pleures, après tu essuies tes larmes, et après tu te remets en question. 

David : Ca peut arriver dans un moment où parfois t'es en plein boom, tout fonctionne nickel et du jour au lendemain, sans savoir pourquoi, ton site en 24-48 heures, tu divises ton trafic par 8 ou même par 100. C'est-à-dire que tu faisais 100 000 de trafic, le lendemain tu te retrouves avec 100 visites. Moi ça m'est arrivé. C'est très dur. C'est très dur à vivre et c'est pour ça que je parle de burn-out, et c'est une des raisons pour lesquelles je me suis associé avec Valérie. 

Quand tu travailles sur plusieurs projets, que t'es avec quelqu'un d'autre, t'as une épaule et mine de rien, ça fait du bien. Parce que quand t'es tout seul dans ton coin, moi j'ai fait quand même deux burn-out, Valérie pourra le confirmer, où vraiment, je pouvais même plus ouvrir un site internet. C'est-à-dire que t'es écoeuré du truc. Donc c'est pas évident. Tu passes de 1 200-1 500 euros la journée à 15 ou 20 euros, ça fait très mal. Comme je dis souvent, c'est pire que le pump & dump de la cryptomonnaie. Tu  as un ascenseur émotionnel assez élevé.

Le côté positif dans tout ça, c'est que souvent, c'est très lié aux mises à jour de Google. Et ce qui est intéressant, c'est qu'un site discover, même quand on le croit mort, il n'est pas forcément mort. Nous, on a eu des sites qui ont repris au bout de 16 mois. En 16 mois, pas une once de trafic discover. 16 mois, c'est long. Pourtant, on continue à publier plusieurs articles par jour, proches de la thématique. Et puis, d'un coup, une nouvelle mise à jour, on renvoie un peu de trafic. On essaye de reprendre des articles proches de ce qu'il y avait historiquement. Et là, paf, ça repart. On garde l'espoir que le site puisse repartir et parfois il repart de plus belle et même plus fort qu'avant. Ça peut arriver, mais pas tout le temps.

Clément : En général, tu pleures, tu prends un coup dans la tête, c'est assez violent. C'est pour ça qu'en fait, quelque part, il faut déconseiller aux gens de faire du discover parce que c'est de la dopamine à l'état pur, vers le haut et vers le bas. Surtout si tu t'y mets à fond. Après moi, en général, j'ai toujours tendance à dire quand un site se fait shooter, s'il tombe à zéro, c'est mort pour au moins 18 mois. Alors oui, on va insister parce qu'on s'est attaché au site pour mille et une raisons. Quand un site se fait shooter, on prend très cher aujourd'hui. C'est du jour au lendemain, c'est l'enfer. Et moi, j'ai tendance à me dire bon, OK, on va programmer 300 articles, un par jour.

Et puis quand il y a un update de Google, on sait que ça change un petit peu, il y a une chaise tournante. Je reprends tous les sites qui ont été pénalisés par Google ou qui sont sortis de Discover. Je les prends tous et puis je passe à 2 articles par jour pendant une semaine. Et je les pousse systématiquement pour voir s'il y en a un qui va revenir. Il y en a plein qui tombent à zéro, et c'est pas nécessairement des petits sites. Il y a des sites médias qui sont tombés à zéro aussi.

David : Pour la petite anecdote, un gros média, je sais qu'ils ont des connaissances chez Google. Ils ont posé la question : "qu'est ce qu'on a fait de mal ? Regardez, on essaye de suivre tous vos précos, qu'est ce qu'on peut faire ?" Et ceux de chez Google disent "là, on peut pas vous dire comme ça, attendez la prochaine mise à jour". C'est à se demander si vraiment il y a quelqu'un qui maîtrise cet algo discover ou cet algo Google d'une manière générale.

Mathilde : J'ai une question parce que là, vous dites tous les trois qu'il y a un rapport entre les updates de Google et Discover. Or, Google communique en disant que ce ne sont pas du tout les mêmes algos et qu'il n'y a pas forcément d'impact entre eux quand ils font une mise à jour du Search sur Discover et Google News. Du coup, comment est-ce qu'on peut expliquer cette corrélation ?

Clément : Google ment, tout simplement.

David : Mais de toute façon, il passe son temps à mentir, il suffit de regarder les leaks. J'ai pu assister aux formations Leaks des frères Peyronnet. C'est incroyable à quel point John Mueller ment à toute la communauté SEO.

Dans quelle mesure les performances de Google Discover diffèrent-elles selon les régions géographiques, et quelles optimisations sont nécessaires pour une audience internationale ?

Clément : Ce qu'on sait maintenant, c'est que tu peux avoir un site français avec des répertoires dans d'autres langues. Ils peuvent aussi performer à l'international sur Discover. Ce qui n'était pas le cas avant. Aujourd'hui, j'ai un site .fr qui a cinq répertoires dans cinq langues différentes. Il faut avoir les bons Hreflang derrière évidemment, et ça performe sur tous les pays. Déjà tu vois qu'il y a une ouverture de Discover au niveau du domaine, ça c'est intéressant. Donc quand il y a un site qui marche bien en français, je vais le faire en anglais aussi pendant que j'y suis, puis en italien, puis ainsi de suite, parce que ça peut fonctionner aussi.

Il fait du discover sur toutes les langues et pourtant c'est un TLD.fr. Il est sur les voitures italiennes donc c'est bien niché, donc ça a du sens que ça fonctionne un peu partout. Je pense qu'avec un général il y a trop de concurrence, c'est trop frontal. Sur Similarweb,  la  répartition du trafic : France 28%, Japon 21%, Italie 14%, Allemagne 6%, Etats-Unis 5%. Il est monté à un million en ce moment par mois. Et lui, c'est du 100% naturel. 

Mathilde : Valérie, est-ce que tu as d'autres conseils pour une audience internationale ?

Valérie : Internationale, non. Après, au début de ta question, tu parlais du local, de région géographique. T'as des sites comme tout ce qui est presse locale déjà, qui va ressortir en local, et t'as le .fr qui a des zones un peu partout, et ça marche super bien sur des zones spécifiques. Ton audience, elle est vraiment géolocalisée.

Une fois, j'avais publié des articles type voyage, avec un titre où tu n'as pas le nom de la ville. Et je regardais dans les trois petits points le topic qui ressortait à côté, et l'entité ressortait le nom de la ville en question. Il a des entités spécifiques et du coup il va les détecter et selon ta zone géographique, il y a des contenus que tu vas voir.

David : En parlant d'entités, ce qui est intéressant c'est que, petit conseil pour ceux qui essayent de se lancer dans Discover, plutôt que de vouloir attaquer tout de suite des entités généralistes, c'est de commencer à créer son bassin d'audience sur des entités très spécialisées, parce qu'il y a moins de concurrence.

Typiquement tu peux vite te retrouver avec une entité, le carrelage, mais une typologie de carrelage, et créer ton petit bassin d'audience sur des articles orientés carrelage très spécifiques, pour enfin arriver à un bassin d'audience large avec du bricolage. Ça c'est une façon de pouvoir essayer de rentrer dans Discover et de créer son bassin d'audience plutôt que d'arriver et de se retrouver face à la grosse concurrence présente sur des entités très génériques et là où il y a tout le monde.

Comment garantissez-vous la véracité des informations partagées ? Prenez-vous des mesures pour éviter la propagation de contenus trompeurs ?

Valérie : Sur le site du beignet aux pommes par exemple, on a mis un garde-fou qui va scruter un peu les articles. Il ne va pas revenir dans le détail, mais il va vérifier que si dans le titre tu as des pommes, qu'il y ait des pommes dans le texte, histoire qu'on se retrouve pas avec un truc complètement absurde. Si on parle du plus beau village de France au milieu du Cantal, il faudrait qu'il y ait le nom du village dans l'article, parce que des fois, quand tu utilises l'IA, tu vas te retrouver à la fin de ton article, tu as lu tout l'article et tu te demandes, mais c'est où en fait ? Donc, éviter ce genre de choses qui vont forcément créer de la déception. 

David : La question, c'est est-ce qu'on travaille de manière éthique, mais on n'est pas des journalistes. Nous, on est des trouveurs de failles, des filous. Et j'ai discuté avec ce fameux journaliste [ndlr : Presse traditionnelle vs IA : faut-il choisir un camp ?], et j'ai réussi à le convaincre. Le principal responsable dans tout ça, c'est Google. Parce que si Google, il voulait vraiment vérifier les informations, ils ont les moyens de déployer des algos de détection de véracité. Mais qu'est-ce qui se passe ? On tourne dans un vase clos où finalement Google gagne de l'argent sur le dos des petits éditeurs comme nous, mais nous on ramasse quoi par rapport à Google ? On ramasse que des miettes. On est là pour ramasser quelques miettes parce qu'on est un peu des filous et on profite de failles de chez Google qu'ils pourraient très clairement patcher.

S'il faut s'adapter pour faire de la véracité, on fera de la véracité. Mais tant qu'il y a ces failles-là, on les exploite. On n'est pas journalistes. Autant les journalistes, eux, ils ont vraiment une conscience. On ne va pas retourner le débat, mais il y a des journaux, des médias presse qui attaquent des petits éditeurs comme nous, qui eux sont pires parce que eux, c'est vraiment des journalistes. Ils ne font pas leur boulot de journalistes. Nous, on ne se présente pas comme des journalistes. Nous, on est des petits éditeurs de sites. Et à l'origine, on est SEO, un peu chapeau noir. Et on est finalement des testeurs d'algorithmes.

Evidemment, d'un point de vue éthique, on est dans des thématiques où on fait pas mal à grand monde. On n'est pas sur des thématiques où on va bouleverser la Terre entière. Mais c'est vrai que la véracité de nos informations, ce n'est pas forcément notre prérequis. Notre prérequis, c'est gruger l'algo pour pouvoir faire du trafic. Par contre, s'il y a bien un responsable et quelqu'un à qui on peut s'en prendre dans toute cette histoire de désinformation qu'il peut y avoir, je pense que c'est Google lui-même, très sincèrement. Parce que s'il voulait, il pourrait faire en sorte de faire un meilleur tri, d'améliorer son algo. Ce qu'il se passe, c'est qu'il a fait des sites, qu'il a fait des pubs de chez lui, il gagne de l'argent sur notre dos et nous on en gagne quelques milliers aussi, mais le cercle vertueux, c'est d'abord pour lui.

Clément : Mon principe, c'est que les erreurs que tu vas retrouver dans les articles que nous on va générer pour Discover, donc nous les petits éditeurs, le volume d'articles et l'impact qu'on fait, il est nul. C'est une erreur statistique et on nous embête pour une erreur statistique, c'est-à-dire qu'on est à 0,1%. Ils cherchent l'erreur pour chercher l'erreur. Parce qu'en termes d'impact, c'est nul, c'est zéro. 

C'est un faux débat. Aucun éditeur de site n'est content d'avoir un article avec des erreurs. On veut tous avoir des articles sans erreurs. Sauf que des fois, mettre les moyens humains ou techniques de vérifier article par article, c'est tout simplement pas possible. Ça nous coûterait trop cher. Par contre, sur nos sites, on a des mentions légales et en général, quand il y a une erreur, on peut nous envoyer un mail, on peut nous appeler, on peut se faire engueuler. Et à partir de là, pour moi, il n'y a aucun problème de se tromper dans un article à partir du moment où tu assumes l'erreur. Si je me trompe sur la photo de Gordes parce que je ne connais pas bien, et que dans la section commentaires ou contactez-moi, le maire de Gordes m'appelle et m'insulte en me disant que je suis un gros nul, je dirais que je me suis planté, désolé, je corrige.

David : On a le droit de se tromper.

Clément : La problématique des journalistes aujourd'hui, c'est qu'ils nous accusent avec les hallucinations ou les erreurs, en nous  disant "Vous n'avez pas le droit de vous tromper". Ce qui en soi est problématique puisque eux, de leur côté, ils se trompent quand même assez régulièrement et je sors toujours la même étude. Il y a une étude aux US qui a été faite sur tous les articles qui avaient des numéros à l'intérieur, qui démontrait que dans la moitié de ces articles-là, il y a des erreurs. Tout le monde se trompe. Moi, ça ne me dérange pas. Les journalistes se trompent, ça arrive. Personne n'est parfait. Il faut juste assumer ce qu'on a publié derrière. Ceux qui n'assument pas, pour moi, ils sont critiquables et condamnables