Le concept de cocon sémantique, conçu et marketé par Laurent Bourrelly, connait aujourd'hui de multiples ramifications et versions, souvent très différentes les unes des autres et qui s'éloignent parfois de l'idée initiale de son créateur. Bref, on voit un peu de tout dans ce domaine et, dans un récent webinar, je me suis posé la question du potentiel côté « Black Hat » de cette pratique. Cet article a donc pour but d'expliciter de façon plus précise ma vision à ce niveau...

Le terme "cocon sémantique" est indissociable du nom de Laurent Bourrelly. Logique, puisque c'est lui qui a initié le concept, il y a quelques années de cela. Depuis la naissance de cette technique, Laurent propose, dans ses formations, une méthodologie de mise en place de cocons sur un site web, afin de booster certaines pages en SEO. Jusque là, rien à dire de spécial 🙂 Mais, petit à petit, les choses sont un peu parties dans tous les sens, selon moi :

  • Certains (entreprises/référenceurs) ont suivi la formation "officielle", se tiennent à jour et prônent un cocon fidèle à la théorie de son concepteur.
  • D'autres ont également suivi initialement la formation mais ont fait évoluer le concept dans d'autres voies, certes proches du chemin de départ, mais pas totalement identiques. Ils appliquent parfois leurs propres idées, comme une surcouche sur le concept originel. Pourquoi pas, après tout ?
  • L'automatisation de certaines tâches a également été proposée par plusieurs entreprises et outils.
  • D'autres n'ont pas suivi la formation mais proposent quand même des prestations autour du concept, en étant plus ou moins fidèles à l'idée de départ.
  • Et puis on voit également certaines prestations pour lesquelles on se demande encore en quoi le terme de "cocon sémantique" est approprié et utilisé, car cela n'a, disons-le, strictement rien à voir... ??

Bref, on voit de tout, et comme le concept évolue régulièrement et que Laurent Bourrelly ne communique plus vraiment sur ces évolutions en dehors de ses formations, il est parfois très difficile de savoir où on en est réellement. Vu de l'extérieur, il faut bien dire que c'est un peu la bouteille à l'encre avec toutes ces entreprises qui disent "faire du cocon", mais qui mettent dans cette "boîte" des prestations qui n'ont souvent rien à voir les unes avec les autres. Qui dit la vérité ? Qui intoxique ? Qui vend du vent ? Qui est sérieux ? Avouons-le, il n'est pas toujours facile de séparer le bon grain de l'ivraie…

De mon côté, je n'ai pas de problème majeur à ce niveau (et je ne propose pas de prestations autour du cocon sémantique). Je n'ai globalement rien contre la notion de cocon, dont j'ai expliqué les bases dans plusieurs vidéos sur Abondance. La question que je me suis posée de plus en plus, au fil du temps, était plutôt le côté potentiellement "black hat" de la façon dont les cocons actuels étaient souvent réalisés, d'où mon intervention (courte) lors du webinar SEO Square à ce sujet. Et cela me donne l'occasion de m'expliquer plus en détails aujourd'hui à ce sujet… Voici donc ce qu'il en est…

À Cocon, Cocon et Demi...

Il y a quelques semaines, j'ai donc posé une question sur Twitter et LinkedIn au sujet du cocon sémantique. Dans le cadre de ma veille habituelle, je cherchais quelques exemples de cocons déjà mis en ligne, pour me faire une idée de ce qu'on pouvait trouver sur le Web dans le domaine. Et les réponses (peu nombreuses) m'ont assez étonné, je dois bien le dire :

  • Quasiment aucune URL fournie de façon publique.
  • Plusieurs adresses envoyées en message privé, en me spécifiant bien de ne pas les divulguer.

Pour l'anecdote, on m'a même envoyé des URL de soi-disant cocons qui, en prenant par la suite contact avec l'éditeur du site en question (que je connaissais par ailleurs), se sont avérés être aux antipodes du concept. Voici la réponse de l'un d'entre eux : "euh, non, on n'a jamais fait de cocon sémantique sur ce site et à cette adresse. Pourquoi tu me dis ça ??" Comme quoi, il est parfois complexe de s'y reconnaître… :)))

Tout d'abord, un grand merci aux personnes qui ont répondu à ma question sur les réseaux sociaux à cette époque. Ils n'étaient pas obligés de le faire et, parmi les liens envoyés, j'ai vu des choses très intéressantes et très bien faites qui ont véritablement éclairé ma lanterne.

Ceci dit, j'étais étonné des réponses apportées (ou des non-réponses) sous la forme "discrétion absolue". C'était assez surprenant, comme si toutes ces prestations étaient un peu taboues… Qu'y avait-il à cacher ? Cela a suscité ma demande, d'ailleurs, à Christian Méline pour un article sur le site Réacteur ayant pour titre "Le cocon sémantique existe-t-il vraiment ?" en mars dernier (article dont la seconde partie a été publiée cette semaine).

J'ai donc creusé le sujet et je me suis aperçu que, dans une majorité de cas, les cocons sémantiques que j'identifiais sur la Toile au quotidien étaient certes souvent assez bien réalisés techniquement, mais étaient également quasi illisibles par un internaute humain : qualité du rédactionnel très variable (de très mauvais à plutôt bon), volume de texte trop ou pas assez important, absence de header-footer-menu de navigation et surtout quasiment aucune mise en pages, etc. Attention : tout ce que j'ai trouvé n'était pas réalisé ainsi ! J'ai même vu des choses assez sympas. Mais quand même, dans de nombreux cas, ça n'incitait pas à lire, loin de là… Sur le fond et sur la forme.

Dans mon esprit, cela voulait donc dire que tout ce contenu et son architecture avaient été réalisés avant tout pour Google, pour se positionner sur certaines requêtes, et pas pour l'internaute (en même temps, il ne faut pas être naïf, mais avoir des objectifs SEO élevés empêche-t-il de faire beau, intéressant et lisible ?). Et c'est donc pour moi la définition même du Black Hat…

Ebony or Ivory ?...

Entendons-nous bien, je ne juge pas le fait que le travail réalisé était "bon" ou "mauvais", et que l'objectif visé (ranker sur certaines requêtes) n'était pas rempli, mais bien qu'en général, ce que je voyais me semblait avant tout conçu pour les moteurs de recherche en priorité et moins (pas ?) pour l'internaute. Pourtant, l'idée du SEO tel que je le conçois et de privilégier l'internaute, tout en appliquant des règles, voire des contraintes pour tenir compte des critères de pertinence des moteurs. Ce n'est pas le concept du cocon lui-même qui est "en cause" ici, mais bien son application. D'ailleurs, on pourrait certainement faire, avec la technique du cocon sémantique, du Black Hat de goret (concept de "cochon sémantique" ?) tout comme du travail remarquable de qualité. J'en suis persuadé. Avec un marteau, vous pouvez planter un clou dans une planche ou dans la tête de votre voisin (vous savez, celui qui profite du confinement pour apprendre le violon en partant de zéro…). Ce sera toujours le même outil, mais pas la même utilisation qui en sera faite…

Alors, pourquoi la majorité des cocons que je vois naviguent-ils dans les eaux du moyen, voire parfois du médiocre au niveau de la forme ? Pourquoi ne pas rajouter une couche d'UX à un cocon, afin qu'il soit agréable à lire ? Ces questions-là n'ont pas de réponse à mes yeux (ou mes oreilles) à l'heure actuelle, d'où le fait que j'assimile bien souvent les pratiques (et non pas le concept initial) actuelles à du Black Hat. C'est en tout cas ma vision.

Attention : je ne dis pas que j'ai raison à 100%. Et je répète ici que j'ai vu des choses vraiment sympas dans le domaine (et donc tout à fait "white hat"). Mais c'est loin d'être la majorité. Très loin ! Encore une fois, ce n'est pas la technique qui justifie le côté "white" ou "black" d'un cocon, mais la façon dont on l'applique. En ce sens, la question du titre de l'article que vous êtes en train de lire ("Le Cocon Sémantique est-il Black Hat ?") n'a pas de sens. Il faudrait plutôt le tourner ainsi : "Peut-on faire du Black Hat avec le Cocon Sémantique ?" Et pour moi, la réponse est clairement "Oui". Tout comme on peut donner une réponse identique à la question inverse : "Peut-on faire du White Hat avec le Cocon Sémantique ?". Tout dépendra de la façon dont on "met en musique" le concept de base… Choisis ton camp, camarade ! Mais, pour moi, sur ce que j'ai vu jusqu'à aujourd'hui, c'est plutôt le côté obscur de la force qui semble prédominer… Est-ce réellement bon pour l'avenir de cette technique et du concept de cocon sémantique en général ? On peut se poser la question…

Ceci dit, bien évidemment, je n'ai pas tout vu, loin de là. Aussi, si vous avez des exemples de cocons sémantiques "100% User friendly", qui allient les différents piliers du "contenu de qualité" (optimisation technique et de type "cocon", excellente qualité du contenu et ergonomie agréable à la lecture), n'hésitez pas à les proposer en commentaires de cet article. J'adorerais que vous me fassiez mentir. Je serais ravi que vous retourniez à 180° ma vision de ce que sont une majorité de cocons aujourd'hui. Je compte sur vous. Merci pour vos témoignages !

PS : aucun cocon n'a été maltraité lors de la rédaction de cet article.

Le cocon sémantique par Laurent Bourrelly. Source : Vimeo