Si vous vous intéressez un tant soit peu au référencement, vous avez certainement entendu parler, ces jours derniers, de l'affaire JC Penney qui a défrayé la chronique, suite à un article du New York Times qui a dévoilé les tentatives de spamdexing (fraude aux moteurs de recherche) utilisées par cet énorme site de commerce électronique pour arriver en première page de Google sur de très nombreuses requêtes. On en a parlé ici, ici, ici, ou encore (entre autres).

Source : New York Times

Je vous engage à lire les articles cités ci-dessus pour bien comprendre ce qui s'est passé et analyser comment le site de JC Penney a pu ainsi contrer les algorithmes de pertinence de Google pour obtenir tant de premières places sur des termes génériques ou plus spécifiques.

Mais disons, pour simplifier, que la technique utilisée était de créer une énorme quantité de liens venant de sites externes, avec des textes d'ancre correspondant aux requêtes visées, et pointant sur les pages adéquates du site à référencer. Cette technique, basée sur le critère de "réputation" des moteurs de recherche, est bien connue de tous ceux qui tentent des "Google bombings" et fonctionne très bien, car ce critère est l'un des plus importants pour les moteurs de recherche actuels.

Il est en tout cas clair que, pour arriver à ses fins, le site incriminé (ou son agence SEO) ont du obtenir (et donc certainement acheter) des milliers, voire beaucoup plus, de liens pointant sur ses pages et émanant de sites web n'ayant la plupart du temps aucun rapport avec lui ou les produits vendus. L'achat (et la vente) de tels liens (techniques de "paid linking") étant strictement interdits par Google, la pénalité n'a donc pas tardé à tomber.

Ceci dit, le but, ici, est donc moins de savoir comment JC Penney a spammé Google et si la société (ou son agence SEO à "linsu de son plein gré") est coupable, mais plutôt de s'interroger sur le fait qu'il a fallu que l'affaire sorte dans le New York Times pour que Google pénalise le site, alors que la fraude aux liens semble gigantesque... Comment a-t-elle pu passer inaperçue ?

On sait depuis quelques temps qu'il existe 3 types de pénalisations chez Google :

- Une pénalisation "soft", automatique, sans intervention humaine, suite à des détections de spam par logiciel. Lorsque le spam détecté dans un premier temps disparaît, la pénalisation disparaît dans la foulée.

- Une pénalisation suite à une délation au travers du formulaire de "spam report" de Google et une action de la part de l'équipe "Search Quality" de Google.

- Une pénalisation directement effectuée par cette "Spam Brigade" suite à une investigation effectuée par ses membres.

Dans le cas de JC Penney, le premier cas est impossible puisqu'il a fallu que le New York Times parle de la fraude pour qu'une pénalisation soit appliquée au site. Le quotidien n'étant pas passé par le "spam report", c'est le troisième cas qui semble donc s'appliquer...

Mais tout cela est étrange et on ne peut s'empêcher de se poser quelques questions :

- Comment se peut-il qu'aucune signalisation de "spam report" n'ait été effectuée par des internautes (et des concurrents de JC Penney) si la fraude était aussi énorme ? Et si de telles actions ont été menées,pourquoi Google n'en a pas tenu compte ? Lit-il seulement ces dénonciations ?

- Comment l'équipe "Search Quality" a-t-elle pu passer à côté de cette énorme fraude et comment se fait-il qu'il a fallu que le New York Tomes dévoile l'affaire pour qu'une mesure soit prise ? D'autant plus que le site avait déjà des antécédents auprès du moteur et n'était pas à ses premières tentatives pour obtenir un référencement "(sur)optimisé"...

- L'équipe "Search Quality" de Google est-elle dépassée aujourd'hui par la taille du Web et donc du spam qui agite l'index du moteur de recherche ? Pourtant, Matt cutts disait il y a peu que le spam avait, selon lui, régressé depuis 10 ans... Alors ??

- Si on en croit le site Advertising Age, JC Penney dépenserait chaque mois 2,46 millions de dollars de liens sponsorisés auprès de Google. Cela a-t-il pu avoir un impact dans la décision tardive des équipes de Matt Cutts pour pénaliser le site ?

Toutes ces questions appellent aujourd'hui des réponses, que nous n'avons pas encore. Mais ceci est peut-être l'occasion pour Google et sa "Search Quality Team" de se poser la question des moyens qu'ils possèdent pour lutter aujourd'hui contre le spam. Sont-ils suffisants ? Au vu de cette affaire, il semblerait que non... Une remise en question semble donc s'imposer...