Faut-il payer et/ou défrayer les intervenants aux conférences SEO ?

Commençons la semaine en ouvrant un débat souvent sensible : le paiement ou le défraiement (remboursement des frais) des conférenciers lors d'événements ou salon SEO. Une situation pas si simple qui nécessite de prendre en considération plusieurs facteurs importants...

Je voudrais commencer la semaine avec un troll récurrent qui fait couler (notamment sur les réseaux sociaux) quelques litres d'encre (virtuelle) à chaque fois qu'il est abordé : la paiement (prestation) et/ou le défraiement (paiement des frais de déplacement/hébergement) des intervenants lors des événements, salons et conférences en général, et plus particulièrement dans le monde du SEO, puisque c'est celui dans lequel je vis depuis maintenant plus de 20 ans...

Depuis que je me suis installé à mon compte en 1996 et la création d'Abondance en 1998, j'ai fait des centaines et des centaines d'interventions, formations et conférences, en France et ailleurs, pour parler des moteurs de recherche et du référencement naturel. Je pense avoir aujourd'hui une certaine expérience (voire légitimité) et un recul nécessaire pour parler de ce sujet de façon calme et réfléchie. Je voudrais donc juste expliquer ici ma vision sur cette problématique et ouvrir le débat de la façon la plus ouverte et constructive possible. En évitant les plus possible les points Godwin... 🙂

Tout d'abord, il faut pour moi considérer deux types d'événements, et surtout deux types d'organisations pour ces interventions :
- Les associations à but non lucratif, qui organisent le plus souvent des salons et journées d'informations (conférences, formations, barcamp, etc.) pour diffuser une information avec, comme leur nom l'indique, aucune vision marchande. L'objectif est, le plus souvent de ne pas perdre trop d'argent et, au mieux, d'arriver à couvrir les frais.
- Les entreprises et organismes professionnels qui organisent ce type de salon avec un objectif clair : non seulement il s'agit de ne pas perdre d'argent (but impératif !), mais il est important avant tout d'en gagner et parfois le plus possible !

Point également important : les entrées à la conférence peuvent être gratuites ou payantes. Une option qu'il faut prendre en compte dans sa réflexion... Tout comme l'éloignement géographique du conférencier (ou de la conférencière). Etre basé(e) à Paris et intervenir dans cette même ville, ce n'est pas la même que si vous êtes à Strasbourg, Nantes, Angers ou Cannes (private joke @Mar1e 🙂 )...

Cette distinction sur l'organisation est essentielle : d'un côté on a une vision associative, de l'autre, capitaliste. Il ne s'agit pas de critiquer cela, les deux méritent d'exister et ont leur place dans notre paysage... Il s'agit seulement de deux approches différentes pour faire un travail finalement assez proche...

Ensuite, il faut bien comprendre que le fait de mettre en place une intervention représente du travail et si on veut bien le faire, cela peut vite s'avérer assez chronophage : recherche d'informations complémentaires, réalisation d'un support, relecture, etc. Il faut parfois compter plus d'une journée pour effectuer un travail "propre" pour une conférence qui pourra durer moins d'une heure.

Un ensemble de facteurs à prendre en compte

On le voit, il est important de prendre en compte un ensemble de facteurs (type d'organisation, gratuité ou pas de la conférence, somme de travail à fournir, frais, etc.) pour prendre la meilleure décision possible pour tout le monde. Le plus important est que ces approches soient cohérentes jusqu'au bout, et c'est souvent là, à mon avis, que le bât blesse le plus souvent...

Pour ma part, j'ai toujours essayé de gérer ces deux "mondes" ainsi :
- Si la structure est associative, je ne demande pas de paiement pour la prestation (sauf si on me la propose, bien sûr 🙂 ), et je demande juste que soient remboursés les frais de déplacement/hébergement. Ca ne pose d'ailleurs jamais de problèmes. Je trouve cela naturel et parfaitement normal. Je ne me vois pas demander de l'argent à des gens qui n'en gagnent pas. Seule exception : le SEO Campus, pour lequel je ne demande aucun défraiement, parce que j'aime bien ce que fait cette association, et que c'est l'occasion pour moi de "renvoyer l'ascenseur" aux multiples bénévoles qui y travaillent. En tant qu'ancien président d'association, je sais ce que c'est que d'organiser ce type d'événement qui rassemble près d'un millier de personnes pendant deux jours et je trouve humainement normal de ne rien demander à cette occasion. L'événement ayant lieu sur Paris, j'essaie la plupart du temps de combiner ce déplacement avec d'autres rendez-vous et cela se passe toujours très bien.

- Si la structure est professionnelle, ce n'est plus la même chanson : si leur but est de gagner de l'argent, il est alors normal que le contrat soit "gagnant-gagnant". Je demande alors une rémunération et le remboursement des frais. C'est simplement logique : l'organisation étant basée sur l'argent, les intervenants doivent donc être rémunérés et défrayés. Sinon, le déséquilibre est évident. C'est pour cela que je m'étais embrouillé avec le SMX Paris il y a 5 ans : non seulement cette organisation (à but clairement lucratif, et ils ont raison de ne pas le cacher) ne paie pas les intervenants (ce qui n'est déjà pas normal), mais ils refusent de plus de les défrayer. Dans ce cas, il faut bien avouer que c'est du pur foutage de gueule du style "on gagne de l'argent mais on ne vous paye pas, tant pis pour vous"... . Au fait, quand Rand Fishkin vient des Etats-Unis, il paye son billet d'avion ?? Les organisateurs locaux n'y peuvent rien, d'ailleurs. Il s'agit d'une obligation qui vient directement des Etats-Unis. Mais elle n'est ni logique, ni naturelle, ni cohérente, ni tout simplement humaine. Dans ce cas, et à partir du moment où cela va à l'encontre de mes valeurs, je préfère ne pas participer (et c'est d'ailleurs dommage car parfois, il y a des gens que j'aime bien parmi les organisateurs, mais qui sont pieds et poings liés sur ce type de sujet, sans aucune marge de manoeuvre ; alors, sait-on jamais, ce type d'article fera peut-être un jour bouger les choses...). Le pire, c'est peut-être quand l'organisateur d'un événement à but lucratif ne vous paie/défraie pas et vous rétorque : "Oui mais il y a aura beaucoup de monde et vous pourrez faire de la prospection". Ben voyons... Le genre de remarque qui génère la plupart du temps un refus systématique de ma part. Je déteste qu'on se foute de moi, allez savoir pourquoi...

Je pense que, dans ce type d'organisation, tout est basé sur la cohérence de l'organisation : il n'est pas honteux de mettre en place une manifestation qui a pour but de gagner de l'argent mais, dans ce cas, il faut que tout le monde en profite, sinon le déséquilibre génère un malaise difficile à résorber. C'est donc à l'organisateur de faire des efforts.
Si le but est avant tout de diffuser l'information sans perdre trop d'argent, il est normal pour les conférenciers de ne pas être trop gourmand et de réagir au cas par cas, avec humanité et intelligence. Dans ce cas, C'est au conférencier de faire preuve de souplesse.

C'est en tout cas ainsi que je fonctionne et que je réagis en règle générale. Mais rien ne dit que j'ai raison. Et c'est avec plaisir que je lirai vos commentaires (réfléchis et constructifs, merci 🙂 ) ci-dessous...

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Conférence sur le Duplicate Content au SEO Campus. Source de l'image : 1ère Position