Le combat entre Google et Microsoft est monté d'un cran la semaine dernière quand Google a accusé Microsoft de copier les résultats de son moteur de recherche dans Bing, à grand coup de requêtes "pièges". Microsoft a bien sûr répliqué en indiquant que non, il ne copiait pas les résultats de son concurrent et que Google disait ça car il avait peur de lui...

Sincèrement, tout ça sent un peu la cour de maternelle et a un relent de pipi au lit pas très sain... Déjà que les deux moteurs s'étaient battu au jeu du "c'est moi qui ait le plus gros" sur le nombre de critères pris en compte par leur moteur de recherche respectif en novembre dernier, on n'élève pas beaucoup plus le débat en ce début d'année. Il semblerait qu'on aille vers une situation où tous les coups sont permis pour dénigrer l'autre, comme dans une campagne électorale de bas étage...

Que Microsoft fasse du "reverse engineering" par rapport aux résultats de Google, ça me semble être une évidence. Et ce serait même suicidaire de ne pas le faire ! Il est d'ailleurs évident que Google fasse exactement la même chose avec son concurrent pour "benchmarker" les deux moteurs. Ca a toujours existé (je me souviens qu'à l'époque d'AltaVista, Yahoo! et AllTheWeb, ce type de pratique était courant chez tous les moteurs, et j'avais même assisté à quelques séances de benchmarking très intéressantes...) et ça ne va s'arrêter aujourd'hui. Bref, essayer de comprendre comment l'autre fonctionne est logique dans une logique concurrentielle.

Mais il me semble qu'accuser Bing de "copier" ses résultats de façon méthodique sur ceux de Google est un peu exagéré et que, sur ce coup-là, Google aurait peut-être dû y réfléchir à deux fois avant de porter des accusations qui sont, somme toute, assez graves. En revanche, que Bing récupère des données de la part d'utilisateurs ayant installé Explorer et la barre d'outils "Bing Inside" semble évident, et il y a de fortes chances pour que les phénomènes observés par Google viennent de là...

Mais franchement, qui peut dire que Google, d'une façon ou d'une autre, ne fait pas de même ? Je crois savoir, par exemple, que les données sur le temps de chargement des pages d'un site, fournies dans les "Webmaster Tools", viennent de la Google Toolbar (à confirmer, mais cet outil renvoie de toutes façons, lorsqu'on l'a accepté lors du téléchargement, de très nombreuses informations à Google sur la navigation de son utilisateur)... Il y aurait donc là analyse et traitement d'infos renvoyées par la barre d'outils de Google, tout comme le fait Bing (avec, dans les deux cas, assentiment de l'internaute). Où est le scandale ??

De plus, Google vient de démontrer magistralement qu'il lui est possible d'agir manuellement dans ses résultats, ce qui pourrait avoir des conséquences juridiques graves, le concept d'automatisation à 100% de l'algorithme du moteur lui enlevant jusqu'à maintenant toute responsabilité devant la loi des méfaits dont il était accusé... Pas sûr que tout ça serve sa cause à l'avenir...

Ce qui me choque le plus, dans cette histoire, c'est finalement ce relent malsain, ce sentiment de malaise qui en ressort, et l'impression qu'on n'est pas prêt de voir ce type de méthode s'arrêter. Lorsque la vitesse est enclenché dans ce type de relation, il est rare qu'un frein à main arrive à adoucir les choses. Et il serait bien dommage que les deux plus grands leaders du domaine du "search" en arrivent à des pratiques d'un autre âge pour tenter de déstabiliser l'autre, comme un Petit Spirou ou un Docubu (voir illustration). Parce qu'au moins, avec ces BD, on se marre, ce qui n'est pas foncièrement le cas en observant les démélés entre les sociétés de Mountain View et de Redmond...

Source du dessin : Léonie Gratin et l'élève Ducobu - © Editions du Lombard - Tribune de Genève