On imagine souvent que lorsque l'IA de Google (via Gemini) répond à une requête, elle « lit » et comprend l'intégralité des pages web qu'elle consulte. C'est faux. En réalité, une grande partie de votre contenu est impitoyablement filtrée avant même d'atteindre le modèle de langage. Selon les dernières analyses de Dan Petrovic, expert en AI SEO, Google utilise un processus de « résumé extractif » radical qui ne conserve, en moyenne, qu'un tiers de vos textes. Comprendre ce mécanisme est désormais vital pour espérer apparaître dans les réponses de l'IA.

Ce qu'il faut retenir :

  • Le filtre est drastique : En moyenne, seulement 32,16% du contenu d'une page survit au processus de "grounding" (ancrage) pour être soumis à l'IA.
  • La pertinence prime sur le marketing : Les informations factuelles (prix, caractéristiques, processus) passent le filtre, tandis que le blabla marketing, la navigation et les mentions légales sont supprimés.
  • L'effet de compression : Plus Google consulte de sources pour une réponse (le nombre de snippets N), plus il réduit la longueur du texte prélevé sur chaque site.

Les 5 étapes secrètes du processus de génération

Pour bien saisir l'enjeu, il faut comprendre ce qui se passe entre le moment où l'utilisateur tape sa requête et celui où la réponse s'affiche. Ce n'est pas une lecture linéaire, mais un processus mécanique en cinq temps :

  1. L'invite utilisateur : L'internaute pose sa question.
  2. Le Fan-out : Google lance plusieurs requêtes parallèles (fan-out queries) pour couvrir le sujet.
  3. Le découpage (Grounding) : C'est l'étape critique. Le système génère des versions tronquées et nettoyées des pages sources. C'est ici que le contenu est filtré.
  4. L'envoi au modèle : Ces fragments (snippets), et uniquement eux, sont envoyés au modèle comme contexte.
  5. La génération : Le modèle rédige la réponse finale et ajoute les citations.

Le point central est l'étape 3. Si votre information clé n'est pas dans ce « fragment d'ancrage », elle n'existe tout simplement pas pour l'IA.

L'anatomie de la survie : ce qui reste et ce qui disparaît

L'analyse comparative menée sur plusieurs sites (comme Owayo ou OlikSport) montre des disparités énormes. Certains sites voient près de 65 % de leur contenu conservé, d'autres à peine 20 %.

Le contenu « Vert » : ce que l'IA conserve

Pour maximiser vos chances, votre contenu doit apporter une réponse dense et factuelle. Les éléments qui survivent systématiquement au filtre sont :

  • L'offre principale : La description concrète de ce que vous vendez ou proposez (ex: « fabrication de maillots de course personnalisés »).
  • Les options de personnalisation : Les détails sur les couleurs, les designs, l'ajout de logos ou de textes.
  • Les processus : L’approche « étape par étape » (ex: comment utiliser le configurateur 3D, comment commander).
  • Les données chiffrées : Les prix, les spécifications techniques des produits, les délais précis.
  • Le support client : Les mentions d'aide, de contact ou de FAQ spécifiques.

Le contenu « Rouge » : ce que l'IA élimine

À l'inverse, l'algorithme nettoie tout ce qu'il juge être du "bruit". Sont systématiquement exclus :

  • La navigation et la structure : Les menus, pieds de page et titres de section génériques.
  • Le discours promotionnel vide : Les phrases type « Jusqu'à 50% de réduction » ou les slogans purement marketing non descriptifs.
  • Les catégories hors sujet : Si l'utilisateur cherche des "vêtements de running", l'IA supprimera les paragraphes parlant de maillots de football ou de hockey présents sur la même page.
  • Les avis clients verbatim : L'IA a tendance à ne pas reprendre les citations exactes des clients (« 5/5, super produit »), préférant synthétiser le sentiment général.
  • Le légal : Les droits d'auteur, adresses d'entreprise et conditions générales.

La théorie de la compression : plus de sources, moins de texte

Une découverte fascinante de cette étude concerne le comportement de "compression" du moteur. Il existe une relation mathématique entre le nombre de sources utilisées (N) et la longueur des extraits (L).

Les données montrent que lorsque Google augmente le nombre de sources pour construire sa réponse (passant de 4 à 10 résultats par exemple), il réduit la longueur moyenne de chaque extrait. C'est une loi de puissance (avec un exposant $\beta \approx 0,07$).

En termes simples : l'IA a un « budget d'attention ». Si elle doit consulter 10 sites pour répondre, elle lira moins de texte sur votre site que si elle n'en consultait que 3. Elle « comprime » l'information pour la faire tenir dans sa fenêtre de contexte. Cela signifie que plus un sujet est concurrentiel et nécessite de sources, plus votre contenu doit être concis et dense pour espérer être retenu.

Optimiser pour le « Grounding »

L'enseignement majeur de ces travaux pour le SEO est que l'optimisation ne se joue plus seulement sur des mots-clés, mais sur la densité informationnelle. Google pratique un « résumé extractif ».

Votre objectif n'est pas que l'IA « lise » votre page, mais que les bons morceaux de votre page atterrissent dans le snippet de contexte. Comme le montre l'exemple d'OlikSport (64,79 % de couverture) face à Gobik (20,97 %), la structure de l'information joue un rôle déterminant. Un contenu structuré autour des questions de l'utilisateur, dépourvu de fluff marketing et riche en données factuelles, a statistiquement plus de chances de passer le filtre du « Grounding ».

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