On a appris hier qu'en Italie, la Fédération Italienne des Editeurs de Journaux a déposé plainte auprès de l'autorité de la concurrence italienne qui va vérifier un éventuel abus de position dominante au sujet de Google News. Vieux débat récurrent depuis 2003 avec les ennuis et les heurts entre Google et le Geste (Groupement des Editeurs de Services En Ligne) entre autres en France, mais de nombreux cas similaires se sont répercutés un peu partout.

Que reprochent, finalement, les éditeurs et organismes de presse à Google (voir la dépêche AFP au sujet du problème actuel en Italie) ?

1. Si je cite l'AFP :
"Ils accusent (...) Google Italie d'exclure automatiquement de son moteur de recherche tous les sites éditoriaux, qui ne lui consentent pas l'utilisation de leurs contenus. La présence sur un moteur de recherche étant déterminante pour avoir une visibilité et pour attirer de la publicité, cette exclusion s'avère très pénalisante, selon eux."

Il n'est en effet pas possible de se faire désindexer de Google News sans disparaître de Google Web Search. En gros, soit vous êtes visible sur les deux outils de recherche, soit vous disparaissez des deux. Sur le fond, le reproche est recevable. En effet, il n'est pas normal que Google utilise le même robots pour ses deux outils et que l'on ne puisse pas dire, soit au niveau d'un fichier robots.txt, soit par l'intermédiaire d'une balise meta "robots", que l'on désire une indexation de ses pages sur l'un des deux moteurs et pas sur l'autre. Certes. Mais il faut également être cohérent : si un organisme de presse ne désire pas que ses articles soient trouvables sur Google News, pourquoi voudrait-il qu'on puisse les trouver sur Google Web search ? Ou le contraire... Ou alors il manque une pièce au puzzle de mon cerveau... Non ?

2. Continuons à citer l'AFP :
"Selon les éditeurs italiens, Google Italie les empêcherait de choisir librement les modalités de diffusion des informations publiées sur leurs propres sites dans sa rubrique "Google News". (...) L'utilisation partielle du produit de leurs sites en ligne aurait "un impact négatif sur leur capacité à attirer des visiteurs et des investissements publicitaires sur leur page d'accueil", affirment-ils, selon le communiqué de l'Antitrust.

Donc, si je comprends bien, les éditeurs reprochent à Google de prendre leur contenu, de leur créer du trafic (n'oublions pas que, sur un site de presse majeur, Google News représente parfois la moitié du trafic "moteurs", tous outils confondus, ce qui est loin d'être négligeable...) mais de gérer cette information comme bon leur semble. Argument là aussi recevable, mais le processus de création et de gestion du service Google News étant 100% automatique (à part l'acceptation ou le refus d'un site dans l'index au départ), on voit mal comment il pourrait en être autrement... Et donc, s'ils ne désirent pas être indexés sur Google puisque le service rendu n'est pas à la hauteur de leurs espérances, un simple robots.txt règle le problème en quelques secondes... Ou alors il manque une deuxième pièce au puzzle de mon cerveau... Non ? En même temps, quelles sont les solutions proposées par ces organismes de presse pour qu'il en soit autrement ?

3. Dernier extrait du communiqué AFP :
"Les éditeurs italiens, qui ne touchent aucune rémunération directe pour l'utilisation de leur propre contenu sur Google News, se considèrent doublement lésés."

Je crois sincèrement que le fond du problème est là : les éditeurs de presse, en France, en Italie ou ailleurs, on du mal à accepter que Google News existe et que cela ne leur rapporte pas d'argent directement (alors qu'au travers du trafic généré, les profits indirects sont très importants). C'est d'ailleurs certainement pour cela que Google News n'affiche pas encore de publicités dans ses pages. Et quand Marissa Meyer, vice-president of search products and user experience de Google, explique que Google News rapporte façon indirect 100 millions de $ par an à sa société, cela doit bien irriter quelques magnats de la presse ici ou là... Est-ce l'héritage d'un fonctionnement issu du passé ou une difficulté viscérale à accepter l'hégémonie de Google sur un territoire qui leur appartenait auparavant et qui leur échappe peu à peu ? N'est-on pas ici dans une grande hypocrisie, lançant des arguments sur la qualité du service rendu alors que le fond du problème est avant tout une affaire de gros sous ?

Bon, finalement, il se peut que mon cerveau soit un puzzle auquel il manque quelques pièces... L'âge certainement... Il y a pourtant certains points que j'ai du mal à comprendre dans les rapports qu'entretiennent les organismes de presse avec le Web en général et Google en particulier. Si quelqu'un pouvait m'éclairer, ça serait sympa...

A très bientôt.