Les 29 et 30 juin derniers, nous nous sommes rendus aux ateliers des Capucins à Brest pour assister à une série de conférences, de visites et de démonstrations sur le thème de l’Intelligence Artificielle. Portée par la French Tech Brest Bretagne Ouest, cette 4e édition était consacrée aux IA génératives.

Carton plein pour les AI days

Clara Chappaz, directrice nationale de la French Tech, l’a souligné durant l’événement : “Brest s’est saisi il y a quatre ans de l’intelligence artificielle alors que le sujet n’était pas très présent à l’époque. Il y a eu une véritable accélération cette année, notamment grâce à ChatGPT”.

Nous étions, en effet, plus de 350 personnes à assister à cette nouvelle session des AI Days à Brest. Une quinzaine de conférences, des démonstrations en temps réel (voitures autonomes, ChatGPT, Midjourney, etc.), des sessions techniques pour les plus avertis ainsi que la visite du Centre Européen de Réalité Virtuelle (CERV), de la cellule d’innovation du CHRU de Brest (W.INN pour We Innovate), et de l’Institut Mines Télécom Atlantique ont ponctué ces deux jours.

L’IA générative : définition

L’IA est une discipline scientifique, comme peuvent l’être la biologie ou les mathématiques. Le terme IA générative désigne, quant à lui, l’utilisation par la machine de contenus existants afin d’apprendre puis pouvoir en générer de nouveaux. Il peut s’agir de sons, d’images ou de textes. Ainsi, l’IA générative s’utilise non seulement pour le SEO avec la recherche de mots-clés mais également pour la rédaction d’articles ou encore la génération d’images.

Depuis l’avènement de ChatGPT, on assiste d’ailleurs à une forte expansion de l’utilisation de l’intelligence artificielle. Le programme informatique lancé par OpenAI fin 2022 a répertorié 5 millions d’utilisateurs en 2 mois !

L’IA, jusqu’alors plutôt confidentielle, est désormais démocratisée, médiatisée, omniprésente et surtout exploitable par le plus grand nombre. Une arrivée en fanfare qui donne lieu à quelques confusions voire quelques fantasmes. Voyons ce qu’en pensent les spécialistes du sujet.

Les conférences les plus marquantes

IA génératives : zoom sur la révolution en cours et ses opportunités

La majorité des intervenants l’affirme, nous sommes en train de vivre une véritable révolution. Un peu comme, à une autre époque, les découvertes majeures autour de l’électricité.

Tous sont également d’accord sur le fait que les métiers de développeur ou de rédacteur ne vont pas disparaître. Ils vont simplement changer, évoluer. L’intelligence artificielle ne va pas prendre notre place, elle est un outil de travail, une sorte de copilote. 

Guillaume Salou, responsable du machine learning au sein de Hugging Face, s’interroge : “La programmation va-t-elle devenir obsolète ? Je crois que l’on va entraîner plutôt que programmer.” Isabelle Hilali, fondatrice et CEO de Datacraft explique quant à elle : “Le programme informatique ressemble à un réseau de neurones artificiels. C’est pour cela que l’on a tendance à faire l’amalgame avec le cerveau humain.”

À quoi Georges Nahon, ex-président d’Orange Silicon Valley, expert Tech US & IA génératives, ajoute : “Il ne faut pas faire d'anthropomorphisme. Il n’y a pas de raisonnement humain derrière, la machine ne peut pas comprendre nos intentions. L’IA prédit, mais n’explique pas. Ce n’est qu’une affaire de statistiques”.

L’intelligence artificielle générative promet donc de belles opportunités, tout en interrogeant sur son empreinte environnementale. Les intervenants ne manquent pas de rappeler qu’il faut se questionner sur la manière dont on pourrait consommer le moins de ressources possible. Faire aussi bien, voire mieux, avec moins.

ChatGPT : Quels usages concrets pour les entreprises ?

Premier exemple d’application concrète de l’intelligence artificielle en entreprise avec Dimo Diagnostic. Cette société spécialisée en immobilier travaille avec ChatGPT pour obtenir une première ébauche lors de la rédaction d’articles de blog. Damien Renneville, Content manager SEO / webmarketing explique la démarche :

“Je sélectionne quelque chose qui existe déjà dans la SERP, et je demande à ChatGPT de s’en inspirer. L’IA sort un tableau avec les mots-clés principaux, leur ratio, et un premier texte. Cela me permet d’avoir une base de travail pour la rédaction. Ensuite, j’apporte des titres, des vidéos, des sources étatiques, je vérifie les informations, et je produis un contenu unique.”

Alexandre Sioufi, lui, est responsable du développement chez ILLUIN, une entreprise spécialisée dans le domaine de la santé et leader du traitement automatique du langage naturel en France. Là encore, l’IA permet de gagner du temps en normalisant certaines tâches : remplir des documents par la voix, extraire des informations de bulletins de salaire, de contrats d’assurance, etc.

“L’IA n’ayant pas été entraînée par les mêmes personnes, ni de la même façon, en fonction des LLM (Large Language Model), on n’obtient pas les mêmes réponses. C’est pourquoi nous utilisons un corpus fermé. Se concentrer exclusivement sur une documentation interne permet d’éviter les hallucinations dues aux informations externes”, raconte-t-il.

Et si ChatGPT était l’arbre qui cache la forêt des IA génératives ? C’est en tous cas ce que pense Goulven Furet, qui travaille sur l’usage responsable des données au Crédit Mutuel ARKEA. “On développe l’utilisation de l’IA au sein de nos services, et on a envie de tendre vers une banque conversationnelle. Notre priorité est de pouvoir garantir qu’il n’y aura pas de fuite de données”, explique-t-il.

ChatGPT pourrait également devenir un gendarme du plagiat, comme le souligne Stéphane Jamin-Normand, formateur Microsoft et référent IA à l’ISEN Brest : “On peut utiliser ChatGPT pour surveiller la triche, tester les sujets. Notamment en développement, il répond très bien en SQL”.

Quand les Generative AI bousculent les ICC : création graphique, communication, etc.

Après Copernic et Darwin, l’explosion de l’utilisation des IA génératives semble avoir révélé une nouvelle blessure narcissique chez l’homme. Les machines pourraient donc faire de l’art ? Tristan Legros, consultant et facilitateur (Design Sprint, UX, Design Thinking, Innovation) et Dimitri Le Roch, Product Designer freelance penchent du côté du oui.

Lorsque l’on remonte un peu le fil de l’histoire de l’art, on constate que le cubisme est arrivé après la photographie. Comme si l’utilisation de ce nouveau médium, qui capture l’instant, autorisait les artistes à ne plus uniquement peindre la réalité. Tristan Legros l’affirme : Les IA génératives vont bousculer le marché de l’art”.

Gagner un concours de photographie avec une œuvre générée par une IA ; des mangas, romans graphiques ou albums avec une machine aux manettes de l’illustration ; des artistes musicaux ou des courts-métrages issus d’un programme informatique… Les différents exemples proposés par les deux intervenants confirment que le processus a déjà commencé.

“Les IA ne remplacent pas les artistes, elles viennent en appui. L’artiste gagne du temps dans la phase de conception mais seul l’humain peut définir ce qui est de l’art ou ce qui n’en est pas”, explique Dimitri Le Roch. Les IA génératives ne remplaceront donc jamais la sensibilité humaine, mais offrent souvent un coup de pouce, une première impulsion qui éloigne le syndrome de la page blanche, notamment en matière de rédaction web.

Tristan Legros ajoute : “Sur des sujets factuels, cela peut être intéressant, mais dès que l’on rentre dans le domaine du poétique cela se complique. La machine ne peut pas comprendre toutes les nuances de notre langage”. Il est donc essentiel qu’elles apportent une plus-value artistique, et non simplement un moyen de gagner du temps. On parle bien d’IA génératives, et non pas d’IA créatives. Alors, même si la machine apporte les ingrédients SEO, c’est au rédacteur de mettre en place une recette qui fonctionne.

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