Fini le "google.fr" familier dans la barre d’adresse : Google pousse la centralisation un cran plus loin en imposant le passage global à google.com. Derrière ce changement discret se cache une évolution bien plus vaste, qui redessine nos repères et relance quelques questions sur la localisation des résultats et la souveraineté numérique.
Ce qu'il faut retenir :
- Google redirige désormais tous les domaines locaux (comme google.fr) vers google.com.
- Les résultats restent géolocalisés, mais l’URL ne reflète plus le pays de l’utilisateur.
- Les ccTLD perdent de leur utilité en SEO : le contenu, le hreflang et les signaux locaux priment.
Google.fr, c’est terminé : un symbole qui s’efface
On s’y était habitués, à ce petit “.fr” qui trônait dans notre barre d’URL. Comme une étiquette rassurante. Une impression – fausse, on le sait bien – que Google nous parlait un peu plus “local”. Sauf que ce vernis de proximité ne tenait plus depuis un moment.
Depuis 2017, le moteur adapte les résultats à votre position, quel que soit le domaine utilisé. Alors pourquoi continuer à faire semblant ? Google a décidé de retirer le masque.
Le changement se fait en douceur : pays par pays, les utilisateurs seront redirigés automatiquement vers google.com dans les mois à venir. Fini les déclinaisons nationales comme google.fr, google.co.uk ou google.de. Tout passe désormais par un unique domaine global.
Rien ne change côté interface, ni même dans les résultats – en tout cas, c’est ce qu’on nous dit. Vos requêtes resteront localisées, vos langues préférées respectées. La géolocalisation n’a pas besoin d’un ccTLD pour fonctionner.
Un web plus cohérent… ou plus uniforme ?
Cette décision ne sort pas de nulle part. Elle s’inscrit dans une logique vieille comme Internet : réduire la fragmentation pour renforcer la cohérence produit. En clair, tout le monde sous le même toit, avec la même expérience utilisateur. Plus simple à maintenir, plus facile à faire évoluer. Et surtout, plus compatible avec les ambitions d’un moteur boosté à l’IA générative.
Mais en creux, un autre récit se dessine : celui d’un web moins différencié culturellement, où les spécificités nationales s’estompent derrière une logique de plateforme globale.
Une perte de repères pour les utilisateurs ?
On sous-estime souvent le pouvoir des détails visuels. Voir “google.fr” dans la barre d’adresse, c’était une manière de se sentir un peu chez soi. Une forme d’appropriation. Avec la bascule vers google.com, on perd ce petit lien symbolique. Rien de dramatique, peut-être. Mais dans un web toujours plus globalisé, ces micro-ancrages comptent.
Et pour le SEO, qu’est-ce que ça change ?
Les ccTLD n’ont plus la même valeur
Si vous avez bossé votre SEO au début des années 2010, vous vous souvenez sûrement du rôle stratégique des ccTLD. Un .fr pour le marché français, un .de pour l’Allemagne… C’était un marqueur fort pour la géolocalisation et la crédibilité locale.
Aujourd’hui ? Ce levier a perdu de sa superbe. Google regarde bien plus vos signaux de contenu, votre hreflang, vos backlinks et la localisation de vos serveurs. Le ccTLD reste un plus, mais ce n’est plus la pièce maîtresse de votre stratégie internationale.
Ce que vous pouvez faire
Pas la peine de revoir tout votre parc de domaines tout de suite. Mais c’est peut-être le bon moment pour :
- Réévaluer l’intérêt de conserver plusieurs ccTLD si vous gérez un site multilingue
- Renforcer votre balisage hreflang pour guider Google correctement
- Travailler vos signaux locaux autrement (Google Business Profile, backlinks locaux, contenu géolocalisé)
Et demain ?
L’intégration à grande échelle de l’IA dans les SERP va encore rebattre les cartes. Et là, pas sûr que la localisation survive longtemps dans sa forme actuelle. Quand un chatbot vous résume l’actualité ou vous recommande un produit, difficile de savoir si cette réponse est bien adaptée à votre réalité locale.
Alors oui, google.fr disparaît. Mais ce n’est peut-être que le début d’un déplacement plus large : celui de notre rapport à la localisation, à la proximité numérique, et à la façon dont on fait du SEO. Reste à savoir si les utilisateurs suivront.
Je crois que vous vous méprenez sur la signification du changement. Il y a deux choses bien différentes , l’une de l’autre
– depuis de très nombreuses années, les résultats des moteurs de recherche dépendent de la localisation effective de l’internaute, peu importe (du moins en substance) la version utilisée, nationale ou .com, de Google. Et ce, à la fois pour des raisons de respect des obligations locales ‘en l’occurrence européennes ET pour la pertinence des résultats des requêtes. Donc, le changement annoncé ne changera pas en substance les résultats obtenus actuellement sur les requêtes.
– Le changement annoncé n’est PAS l’abandon du cctld des sites internet en tant que signal, pour les moteurs, du public cible visés par lesdits sites. Il n’est pas impossible (mais pas non plus certain) que ce signal s’affaiblisse; mais, le jour où il y aurait abandon ou diminution majeure de ce signal par Google, il en résultera de grands changements dans les SERPs vu que ce signal a régi tout ce qui est multilingue ou multirégionaux pendant plus de 2 décennies.