Google riposte fermement à l'enquête antitrust lancée par la Commission européenne concernant sa politique de lutte contre le spam. Dans un article publié le 13 novembre 2025 sur The Keyword, Pandu Nayak, Chief Scientist de Google Search, dénonce une investigation « erronée » qui risquerait de nuire à des millions d'utilisateurs européens.
Ce qu'il faut retenir :
- L'UE enquête sur Google pour ses actions contre le « parasite SEO », soupçonnant une violation du Digital Markets Act qui pénaliserait injustement les éditeurs de presse.
- Google défend sa politique anti-spam mise en place en mars 2024, affirmant qu'elle protège les utilisateurs contre les contenus trompeurs et les arnaques.
- Un tribunal allemand a déjà validé la politique de Google, jugeant qu'elle était raisonnable et appliquée de manière cohérente.
Le « parasite SEO », une pratique qui dégrade les résultats de recherche
Le « parasite SEO », également appelé « abus de réputation de site », constitue une technique manipulatrice qui exploite la notoriété de sites web respectés. Le principe est simple : un acteur paie un éditeur établi pour publier son contenu et ses liens sur sa plateforme, profitant ainsi de l'autorité du site hôte pour tromper les systèmes de classement de Google.
Les exemples fournis par Google illustrent l'ampleur du phénomène : un site de prêt sur salaire douteux pourrait payer un média reconnu pour héberger son contenu promotionnel, ou des pilules amaigrissantes suspectes pourraient apparaître sur des sites d'information médicale. Pour Google, cette pratique génère des résultats de recherche de mauvaise qualité qui trompent les utilisateurs, qui pensent consulter un site de confiance alors qu'ils sont exposés à du contenu potentiellement frauduleux.
Une politique controversée mais nécessaire selon Google
Face à cette dégradation des résultats, Google a actualisé sa politique anti-spam en mars 2024, en s'appuyant sur un principe de longue date : un site ne peut pas payer ou utiliser des mesures trompeuses pour améliorer son classement dans la recherche. La mise en application manuelle a débuté en mai 2024, touchant des médias majeurs comme Forbes, The Wall Street Journal, Time et CNN en novembre 2024.
Pandu Nayak soutient que cette politique permet de rééquilibrer la concurrence entre les sites qui utilisent des tactiques douteuses et ceux qui investissent dans la création de contenu de qualité. De nombreux petits créateurs auraient d'ailleurs exprimé leur soutien à cette lutte contre le parasite SEO, se sentant désavantagés face aux acteurs qui achètent leur visibilité.
L'enquête européenne : un risque pour la qualité de la recherche ?
La Commission européenne a ouvert son investigation suite aux plaintes d'éditeurs de presse européens qui affirment que la politique de Google nuit à leurs sources de revenus. Ces médias dépendent de plus en plus des articles sponsorisés, de la publicité native et du contenu d'affiliation pour compenser la baisse des revenus publicitaires.
Teresa Ribera, commissaire européenne à la concurrence, a souligné la nécessité de protéger les éditeurs en cette période difficile pour le secteur de la presse. La Commission examine si la politique de Google viole le Digital Markets Act en affectant de manière disproportionnée des méthodes de monétisation légitimes comme la syndication de contenu ou les partenariats impliquant du contenu tiers.
Google dénonce une investigation « erronée »
Dans sa réponse, Google qualifie l'enquête de « mal orientée » et rappelle qu'un tribunal allemand a déjà rejeté une plainte similaire, validant la légitimité et la cohérence d'application de sa politique anti-spam. Pandu Nayak affirme que le Digital Markets Act rend déjà la recherche « moins utile pour les entreprises et les utilisateurs européens », et que cette nouvelle investigation risque de récompenser les mauvais acteurs tout en dégradant la qualité des résultats de recherche.
Google insiste aussi sur le fait qu'il applique sa politique anti-spam à travers un processus d'examen rigoureux et équitable, incluant une procédure d'appel. L'entreprise affirme que sans cette réglementation, les fraudeurs prendraient la place des sites qui produisent du contenu légitime, au détriment de tous les utilisateurs.







